ledjely
Accueil » Sucer peut-il guérir le cancer du sein ? «Aucune étude ne le prouve», Pr Leno
ActualitésFaits-diversSantéSociété

Sucer peut-il guérir le cancer du sein ? «Aucune étude ne le prouve», Pr Leno

Au Centre régional francophone de formation à la prévention des cancers Gynécologiques (CERFFO-PCG), implanté dans l’enceinte de l’hôpital national Donka, les femmes affluent pour se faire dépister. Comme chaque année, à l’occasion d’Octobre Rose, médecins et bénévoles unissent leurs efforts pour sensibiliser sur le cancer du sein et celui du col de l’utérus, deux maladies qui continuent de faire des ravages silencieux en Guinée.

Sous les tentes installées dans la cour du centre, des femmes patientent calmement, carnet de santé à la main. Certaines viennent pour la première fois, d’autres reviennent pour un contrôle. C’est dans cette ambiance empreinte d’attente et d’espoir que nous rencontrons le Pr Daniel Leno, gynécologue-obstétricien, enseignant-chercheur à la faculté de médecine de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry et chef du centre CERFFO-PCG, pour en savoir davantage sur la maladie en Guinée.

Le cancer du sein et celui du col de l’utérus figurent parmi les pathologies les plus redoutées chez les femmes, mais aussi les plus évitables grâce au dépistage précoce.

Le cancer du sein se développe lorsque certaines cellules des glandes mammaires se multiplient de façon anormale pour former une tumeur. C’est aujourd’hui le cancer le plus fréquent chez la femme. Détecté tôt, il peut être efficacement traité par chirurgie, radiothérapie ou chimiothérapie. D’où l’importance d’un auto-examen régulier et d’un dépistage périodique.

Quant au cancer du col de l’utérus, il résulte le plus souvent d’une infection persistante au papillomavirus humain (HPV). Il se développe lentement, sur une quinzaine d’années, à partir de lésions précancéreuses, ce qui rend la prévention et le dépistage réguliers essentiels.

Habillé d’une blouse blanche immaculée ornée d’un petit ruban rose, symbole de la lutte contre le cancer du sein, le Pr Daniel Leno précise : « Le cancer du sein est le plus diagnostiqué au monde, tandis que le cancer du col de l’utérus demeure la première cause de mortalité par cancer chez la femme guinéenne ».

C’est pourquoi, explique-t-il, le centre profite d’Octobre Rose pour coupler les deux dépistages et intensifier la sensibilisation.

« Le cancer du col met environ quinze ans à se développer. Cela veut dire qu’on a largement le temps de le prévenir. Mais trop souvent, les femmes ne consultent que lorsqu’elles commencent à ressentir des symptômes. Au début, il n’y a aucun signe visible. C’est ce qui rend la maladie dangereuse », dit-il.

Au CERFFO, les méthodes de dépistage sont adaptées au contexte local.

« Nous utilisons du vinaigre, que les femmes utilisent pour faire de la salade, et une solution iodée appelée Lugol pour repérer les lésions précancéreuses. Une fois détectées, elles sont traitées immédiatement, avec 100 % de réussite », explique le médecin.

Mais le professeur déplore encore le retard de nombreuses patientes.

« Dans un pays où beaucoup de femmes arrivent à des stades avancés, un dépistage tous les deux ans pourrait sauver des milliers de vies », a-t-il affirmé.

Le professeur Leno Daniel salue les efforts récents du gouvernement dans la lutte contre le cancer.

« Depuis l’arrivée du CNRD, l’État a mis à disposition les produits de chimiothérapie à la PCG, gratuitement. C’est une grande avancée. Sans cette technologie, nos moyens restent limités. Mais les perspectives sont encourageantes », a-t-il expliqué.

Il évoque aussi le projet de construction d’un centre national de cancérologie, porteur d’espoir pour les patients.

Cependant, il regrette l’absence d’un service de radiothérapie dans le pays.

« Découvert tôt, le cancer se soigne en quelques mois avec de très bonnes chances de guérison. Mais à un stade avancé, le traitement devient à vie et le pronostic est souvent mauvais », a-t-il soutenu.

Le chef du centre insiste sur la responsabilité collective.

« Chaque femme doit non seulement se faire dépister, mais aussi convaincre ses amies, ses sœurs, ses collègues. Si chacune mobilise ne serait-ce que trente personnes, nous pourrons sauver beaucoup de vies. Les maris, les leaders religieux, les responsables communautaires, les sèrès, doivent aussi encourager les femmes à venir se faire dépister. Sauver une femme, c’est sauver une famille », a-t-il insisté.

Face à certaines croyances répandues, le professeur est catégorique : « Aucune étude ne prouve que la succion des seins prévient le cancer. Les véritables facteurs de risque sont connus : obésité, sédentarité, mauvaise alimentation et antécédents familiaux ».

Au terme de l’entretien, le Pr Leno Daniel adresse un message fort. « Si nous renforçons la sensibilisation et améliorons les équipements médicaux, nous pourrons réduire considérablement la mortalité due au cancer du col et du sein en Guinée », a-t-il conclu.

M’Mah Cissé 

Articles Similaires

FENAC 2025 : la préfecture de Koundara accueille la 20e édition

LEDJELY.COM

Attaque rebelle à Gueckédou : « une de mes cousines s’est faite engrosser par un chef rebelle » (témoignage)

LEDJELY.COM

Ligue des champions africaine : le Horoya AC tombe à Rabat, réduit à neuf

LEDJELY.COM

Bloc Libéral : Dr Faya Millimouno refuse un troisième mandat

LEDJELY.COM

N’Zérékoré : les femmes payent la caution du Président de la République

LEDJELY.COM

Ousmane Kaba : « Avant de vouloir aider la Guinée, qu’ont-ils fait pour leur ville et leur pays ? »

LEDJELY.COM
Chargement....