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Droits reproductifs des femmes et des filles : Ouverture de la 3ᵉ édition du DASAF 2025 à Conakry

La capitale guinéenne abrite, du 21 au 23 octobre, la troisième édition du Dialogue Africain sur la Santé et les Droits Reproductifs en Afrique Francophone (DASAF). Plus de 300 participants venus de 22 pays d’Afrique francophone prennent part à cette rencontre placée sous le thème : « Unifier nos voix et s’engager pour des choix reproductifs en Afrique francophone ».

Organisé par le Centre ODAS, en partenariat avec le ministère de la Promotion Féminine, de l’Enfance et des Personnes Vulnérables, cet événement d’envergure régionale réunit ministres, experts de la santé, organisations de la société civile, mouvements féministes, jeunes leaders et partenaires techniques et financiers venus de tout le continent.

Après Abidjan en 2022 et Cotonou en 2023, Conakry devient le nouveau carrefour du dialogue sur la santé et les droits reproductifs. Le DASAF 2025 offre un espace d’échanges autour des enjeux cruciaux liés à la mortalité maternelle, aux grossesses non désirées et à l’accès équitable aux services de santé reproductive.

Les discussions s’articulent autour de quatre axes majeurs :

  • le cadre législatif et réglementaire des DSSR,
  • les innovations communautaires d’accès aux soins,
  • le financement durable du mouvement,
  • et la valorisation des voix féministes, jeunes et communautaires.

C’est Charlotte Daffé, ministre de la Promotion féminine, de l’Enfance et des Personnes vulnérables, qui a donné le ton à cette rencontre. Dans son allocution, elle a salué la tenue de cette édition à Conakry, symbole de reconnaissance internationale pour les réformes sociales engagées depuis la Refondation.

«Notre collective présence traduit l’importance que nous accordons à la promotion des droits, à la santé et au bien-être des femmes et des filles», a-t-elle déclaré, avant de souhaiter la bienvenue aux délégations venues de plusieurs pays africains.

La ministre a rappelé les efforts du gouvernement pour renforcer le cadre légal et social en faveur des femmes, citant notamment la politique nationale du genre, la stratégie de lutte contre les violences basées sur le genre, la criminalisation des mutilations génitales féminines et la politique nationale de santé reproductive, maternelle, néonatale et infantile.

Tout en reconnaissant les défis persistants, tels que la mortalité maternelle et les mariages précoces, Charlotte Daffé a réaffirmé l’engagement de la Guinée à garantir des soins de santé respectueux, sûrs et fondés sur les droits humains.

«Aucun développement durable n’est possible sans la pleine participation des femmes», a-t-elle martelé, avant de déclarer ouverte la 3ᵉ édition du DASAF 2025.

Le Pr Telly Sy, président de la Société Guinéenne de Gynécologie Obstétrique, représentant la société civile, a livré un message poignant sur la réalité quotidienne des femmes et des jeunes filles confrontées à des choix reproductifs difficiles.

«Nous ne parlons pas d’abstractions, mais de vies. Celles des femmes et des filles qui, chaque jour, font face à des choix douloureux, souvent dans le silence et la peur», a-t-il lancé.

Il a rappelé que 4,2 millions d’avortements provoqués ont lieu chaque année en Afrique, dont 75 % à risque, causant près de 300 000 décès. En Guinée, selon une étude menée à Conakry, plus de 30 % des lycéennes enceintes auraient eu recours à un avortement clandestin.

Le professeur Sy a plaidé pour un dialogue franc et inclusif, basé sur l’éducation, la déstigmatisation et la réforme des lois criminalisant encore les femmes et les prestataires de soins.

«Chaque jour d’inaction coûte des vies. Ensemble, engageons-nous pour que plus jamais une femme ne meure d’un acte médical qui pourrait être sécurisé», a-t-il dit.

Au nom des jeunes et des féministes africains du mouvement ODAS, Brian Sossou, représentant du comité scientifique du DASAF, a livré un message porteur d’espoir.

«Nous sommes ici pour écrire une nouvelle page de notre histoire collective. Le Protocole de Maputo n’est pas seulement un texte juridique, c’est un manifeste africain pour la santé, la dignité et la liberté des femmes et des filles », a-t-il déclaré.

Tout en saluant les progrès enregistrés, il a pointé les obstacles persistants : normes sociales restrictives, stigmatisation, manque de financement et résistance politique.

«Le mouvement que nous portons, avec la jeunesse et les féministes africaines, est en marche et déterminé », a-t-il affirmé, appelant à faire du DASAF 2025 un tournant historique pour la justice reproductive.

La directrice du Centre ODAS, Kadidiatou Sow, a exprimé sa profonde gratitude envers le gouvernement guinéen pour son soutien et son parrainage.

Elle a rappelé que ce dialogue est avant tout « un espace de convergence, de mobilisation collective et de réflexion stratégique sur nos ambitions partagées », a-t-elle rappelé.

Citant l’institut Guttmacher, elle a rappelé que plus de 15 millions d’avortements ont été pratiqués en Afrique subsaharienne en 2019, dont 77 % dans des conditions non sécurisées, entraînant plus de 16 000 décès de femmes chaque année.

Pour elle, « chaque décès évitable est une faillite collective », a-t-elle affirmé.

Elle a réaffirmé l’engagement du Centre ODAS à promouvoir la mise en œuvre effective du Protocole de Maputo et à renforcer les coalitions féministes et communautaires.

« Tenir ce dialogue ici à Conakry n’est pas un hasard. C’est un choix délibéré et symbolique, car la Guinée est une terre d’histoire et de luttes féminines », a-t-elle déclaré.

W. Cécile Thiombiano Yougbare, présidente du Conseil consultatif ODAS, a salué la tenue de cette édition et rendu hommage aux autorités guinéennes, notamment au président Mamadi Doumbouya et à la ministre Charlotte Daffé.

Elle a rappelé que le Mouvement ODAS entame une phase cruciale de transformation institutionnelle, avant de féliciter Kadidiatou Sow et son équipe pour leur leadership.

« Un mouvement qui veut durer doit savoir se transformer. C’est cette transition audacieuse que nous accompagnons aujourd’hui, pour asseoir une gouvernance féministe, inclusive et transparente. Nous représentons la vigilance bienveillante d’un collectif qui veille à ce que l’institutionnalisation n’efface pas la vision féministe et communautaire qui fonde notre action », a-t-il expliqué.

Au nom des partenaires du Mouvement ODAS, Mohamed Ly, directeur régional Afrique de l’Ouest et du Centre d’EngenderHealth, a salué le leadership de Kadidiatou Sow et de son équipe.

« Si nous voulons continuer à avoir de l’impact dans un environnement en mutation, nous devons privilégier la collaboration et des partenariats équitables. Ce n’est pas une option, c’est un droit, une exigence de santé publique, une question d’équité et de dignité humaine », dit-il.

Il a insisté sur la nécessité de soutenir les organisations locales dirigées par des jeunes et des femmes, afin de renforcer leur leadership et leur rôle dans la transformation sociale.

Entre plaidoyer politique, engagement communautaire et mobilisation des jeunes, le DASAF 2025 marque une étape décisive vers un continent où chaque femme et chaque fille pourra exercer librement ses choix reproductifs, dans la dignité, la sécurité et le respect de ses droits.

M’Mah Cissé 

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