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Scrutin apaisé, participation timide : un message à décoder

Ce dimanche 28 décembre, les Guinéens se sont effectivement rendus aux urnes. Et force est de reconnaître que le scrutin s’est déroulé dans le calme et la sérénité. Un fait d’autant plus notable que la dernière présidentielle, en 2020, s’était tenue dans un climat de quasi-chaos, y compris dans la capitale, Conakry. Cependant, la mobilisation des électeurs n’a pas été à la hauteur des attentes exprimées par les autorités. Même si aucun chiffre officiel n’est encore disponible concernant le taux de participation, l’observation des bureaux de vote à travers le pays révèle une affluence nettement inférieure à celle enregistrée le 21 septembre dernier, lors du référendum constitutionnel. Un enthousiasme en berne, fruit de plusieurs facteurs, et porteur de messages qu’il convient d’analyser, notamment à l’attention du vainqueur du scrutin.

Dans la mesure où le général Mamadi Doumbouya faisait figure d’archi-favori à l’élection d’hier, la participation constituait le principal enjeu de ce scrutin. C’est sans doute pour cette raison qu’elle a été particulièrement scrutée par les observateurs, notamment les médias. D’où la profusion d’articles de presse soulignant la timide mobilisation constatée ce dimanche devant les bureaux de vote. De Conakry à l’intérieur du pays, le constat était globalement le même. S’il faut certes attendre les chiffres de la Direction générale des élections (DGE) pour mesurer précisément l’ampleur de l’abstention, il apparaît d’ores et déjà établi que les Guinéens s’étaient davantage mobilisés en septembre dernier pour l’adoption de la nouvelle Constitution.

Bien sûr, quel que soit son niveau, le taux de participation n’aura aucune incidence directe sur l’issue du scrutin. Mais pour celui qui en sortira vainqueur, il est essentiel d’identifier les raisons de cette relative démobilisation et d’en saisir les messages sous-jacents. Car, comme le dit l’adage, savoir, c’est pouvoir. A ce sujet, l’une des explications possibles du peu d’enthousiasme observé pourrait résider dans le sentiment largement partagé que l’issue de l’élection était connue d’avance. En l’absence de candidats véritablement en mesure de rivaliser avec le président Mamadi Doumbouya, certains de ses propres partisans ont pu estimer qu’il n’était pas indispensable de se déplacer, convaincus que la victoire était acquise quelles que soient les circonstances.

Une autre explication tient au boycott de fait observé chez une partie des sympathisants des opposants absents du scrutin. Il faut rappeler que, malgré l’affaiblissement de leurs formations politiques, accentué par les départs de nombreux cadres, Alpha Condé, Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré conservent encore des soutiens au sein de l’opinion. En choisissant de ne pas répondre à l’appel des urnes ce dimanche, ces électeurs ont sans doute voulu exprimer leur désapprobation du processus.

En tout état de cause, derrière cette faible mobilisation peut se cacher un message en direction des autorités. Un message discret, presque silencieux, mais dont la portée mérite d’être décodée avec attention afin d’éclairer la suite du parcours politique du pays et faciliter la concrétisation des opportunités économiques promises à la Guinée. Ce message appelle à des réajustements, voire à des changements en profondeur : dans les hommes, les attitudes, les méthodes, ou l’ensemble de ces éléments à la fois. Il invite à davantage d’humilité, en vue d’une détente du climat politique et à une véritable ouverture. Il suggère surtout la nécessité de rompre avec la tentation d’imposer un narratif officiel parfois en décalage avec les réalités que vivent les Guinéens d’en bas. A cet égard, les portraits flatteurs de responsables publics, abondamment diffusés sur les réseaux sociaux et accompagnés de descriptions laudatrices que l’on devine tout droit sorties de la « cuisine » de l’intelligence artificielle, peuvent s’avérer contreproductifs. Ils donnent souvent le sentiment d’un mépris ou d’une arrogance mal perçus par une population aux prises avec des difficultés autrement plus réelles.

Boubacar Sanso Barry

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