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REQUISITION : un recours qui tombe mal pour l’image de la France

Dans l’absolu, il est possible que la réquisition des personnels que la première ministre française a annoncée ce mardi à l’Assemblée nationale pour le déblocage des dépôts de carburants, soit parfaitement justifiée. Dans la mesure où des accords sont déjà conclus dans certains cas entre les grévistes et les patrons, il est même possible qu’on en n’arrive pas à l’application de cette mesure jugée radicale. Mais d’un point de vue symbolique, le mal est fait. Le fait qu’en France, pays se qui veut une référence en matière des droits de l’homme, on en vient à envisager de recourir à la réquisition dans le cadre d’une grève, est quelque chose d’extraordinaire. Mais que cela intervient pile au moment où le pays fait face à une contestation plutôt ouverte notamment en Afrique, ne risque pas de lui faciliter la tâche. N’est-ce pas en effet les méthodes peu portées sur les droits humains que la France reproche à Wagner ? N’est-ce pas en raison de ces méthodes qu’Emmanuel Macron refuse à certains de ses partenaires africains le droit de coopérer avec la milice russe ? Eh bien, il ne faut pas exclure que certains lui rétorquent que son pays ne donne pas le bon exemple avec ce recours assumé à la réquisition. D’autant que des syndicats français dénoncent déjà un déni du droit de la grève.

Recours nécessaire

Il n’est pas sûr qu’Elisabeth Borne, la première ministre française ait eu le choix. Face au risque de paralysie totale du pays que la grève dans les raffineries des groupes Esso-ExxonMobil et TotalEnergies fait peser au pays, il lui a fallu se décider. Estimant que c’est là un moindre mal, elle a donc sorti l’arme de la réquisition, comme le lui permet du reste la loi. Bien sûr, on peut envisager que le remède soit plus nocif que le mal. Surtout si cette approche excessive pousse les syndicats à se radicaliser à leur tour. Le malaise social étant rampant, du fait de la crise consécutive en grande partie à la guerre en Ukraine, l’étincelle peut très vite se transformer à un ardent brasier.

Réplique

Mais il n’y a pas qu’à l’intérieur des frontières de la France que l’annonce d’Elisabeth Borne pourrait avoir des conséquences. Elle pourrait aussi avoir des répercussions sur la façon dont le pays est perçu notamment en Afrique. D’ores et déjà, on peut penser à la Centrafrique et au Mali. Dans ces deux pays en effet, la France a justifié le rappel de ses troupes qui y étaient déployées par les relations ‘’incestueuses’’ que l’un et l’autre des Etats ont nouées avec la milice russe Wagner. Les autorités françaises estimant inacceptable que ces pays puissent travailler avec ce groupe de mercenaires privé qui bafoue les principes démocratiques et des droits humains. Soit ! Mis en guise de réplique, ces pays pourraient renvoyer à la France que leur choix a été dicté par les mêmes impératifs que ceux que la première ministre a invoqués ce mardi pour justifier la réquisition.

Des pouvoirs transitoires rigides

Mais au-delà, dans un contexte notamment ouest-africain marqué par des pouvoirs transitoires plutôt rigides, la France donneuse de leçon aurait de moins en moins de légitimité. En effet, dans le cas précis de la Guinée, comment un responsable français pourrait-il amener le colonel Mamadi Doumbouya à lever la mesure d’interdiction des manifestations, quand en France, on use de la réquisition pour arriver à bout d’une grève ?

Historique pré-carré

Bousculée dans son historique pré-carré, la France semble donc accumuler les contradictions et les impairs qui risquent de l’enfoncer davantage. C’est ainsi qu’alors qu’elle approuvait la désignation de Mahamat Idriss Deby Itno pour remplacer son père, elle flétrissait le second coup d’Etat d’Assimi Goïta contre le président Bah N’Daw. De même, autant Paris presse les militaires maliens derendre le pouvoir aux civils, autant Macron se plie au rythme et aux sollicitations de Mamadi Doumbouya, en Guinée. Une incohérence qui n’est le moindre défaut dont la France devra se débarrasser, si elle veut stopper la fronde à laquelle elle fait face sur les terres africaines.

Boubacar Sanso Barry

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