À Rosso, une ville et une commune du sud située à la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal, une crise migratoire prend de l’ampleur. Depuis plusieurs jours, 327 ressortissants guinéens, expulsés de Mauritanie, seraient bloqués dans l’attente d’un feu vert des autorités sénégalaises. Ces dernières leur interdisent l’entrée sur leur territoire, invoquant le non-respect des conditions légales de séjour.
Parmi ces migrants, 225 seraient actuellement entassés dans des conditions précaires du côté mauritanien de Rosso, tandis que 102 autres se trouveraient déjà sur le sol sénégalais, mais dans une situation tout aussi incertaine. Ces hommes et femmes, en majorité jeunes, étaient en transit vers leur pays d’origine, la Guinée, après avoir été expulsés pour séjour irrégulier.
Mais leur retour tourne à l’impasse. Selon des médias sénégalais, le pouvoir de Dakar exigerait des garanties formelles émanant de l’ambassade de Guinée à Nouakchott, attestant que ces individus sont bien de nationalité guinéenne et que leur transit respecte les normes légales. Une exigence que la diplomatie guinéenne tente de satisfaire en urgence, par le biais d’une note verbale adressée au ministère sénégalais de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères.
Dans cette correspondance officielle, l’ambassade sollicite, « pour des raisons humanitaires », une autorisation exceptionnelle de transit pour l’ensemble du groupe. Mais Dakar resterait inflexible : aucun migrant sans document d’identité officiel ne franchira la frontière. Une position que les autorités justifieraient par leur lutte contre l’usage de faux papiers et les réseaux de traite humaine.
Ce blocage illustre un différend plus large entre les autorités guinéennes et sénégalaises concernant les procédures d’expulsion et de réadmission des migrants. En toile de fond, une problématique sensible : la gestion des flux migratoires en Afrique de l’Ouest, entre solidarité régionale et rigueur administrative.
En attendant, ce sont des centaines de vies suspendues, dans des conditions de plus en plus préoccupantes, qui symbolisent l’impasse d’une coopération encore trop fragile entre États voisins.
N’Famoussa Siby