La capitale guinéenne accueille depuis ce mardi 27 mai 2025, le lancement officiel du Forum régional des conseils consultatifs des jeunes (YAPs), organisé par l’ONG Plan International. Cette première édition, prévue sur quatre jours, a rassemblé plus de 200 jeunes activistes venus de 15 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre pour échanger autour du thème : « Le rôle de la jeunesse dans le développement durable : participation, défis et perspectives ».
La cérémonie d’ouverture s’est déroulée en présence de plusieurs hautes personnalités, parmi lesquelles le président du Conseil national de la transition, Dr Dansa Kourouma, la ministre des Télécommunications et de l’Économie numérique, Rose Pola Pricemou, le ministre de la Jeunesse et des Sports, ainsi que le Premier ministre guinéen, Amadou Oury Bah, qui a officiellement lancé les travaux du forum.
Dans son discours d’introduction, Evariste Sindayigaya, représentant résident de Plan International en Guinée, a souligné les nombreux défis auxquels fait face la jeunesse africaine.
« Dans un monde en pleine mutation, qu’est-ce que cela signifie d’être un jeune Africain, vivant sur un continent qui connaît plus de 35 conflits armés, avec pour conséquences des millions de personnes déplacées et confrontées à l’insécurité alimentaire ? Et enfin, qu’est-ce que cela signifie d’être un jeune Africain en concurrence avec près d’un milliard d’autres jeunes sur notre continent pour des opportunités économiques limitées ? », s’interroge-t-il.
Autant de questions essentielles qui, selon lui, doivent inciter les jeunes à analyser les causes structurelles de ces problèmes et à s’engager activement dans leur résolution du 27 au 30 juin.
La Présidente du Conseil consultatif des jeunes, Kadiatou Diallo, a déclaré que le thème du forum fait écho aux réalités pressantes que vivent les jeunes, aussi bien en ville qu’en milieu rural. Confrontés à des défis majeurs, ils ont besoin d’espaces comme celui-ci pour faire entendre leur voix. Pendant ces quatre jours, il s’agira non seulement de partager des expériences, mais aussi de remettre en question la place des jeunes dans les systèmes politiques actuels, d’imaginer des alternatives audacieuses et de tracer ensemble les contours d’un développement durable, inclusif et juste.
Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Kéamou Bogola Haba, a salué l’organisation du forum en Guinée lors de son intervention. Il a exprimé sa satisfaction de voir quatorze pays d’Afrique de l’Ouest et centrale réunis autour de cette initiative. Tout en soulignant l’importance de cet événement, il a insisté sur la nécessité d’aller au-delà des constats pour proposer des solutions concrètes.
« C’est un plaisir de voir 14 pays se joindre à la Guinée pour ce forum. Durant ces quatre jours, nous attendons des conclusions porteuses de solutions, et non de simples revendications. Il est temps de changer de paradigme. Les défis sont immenses. Les jeunes sont désormais aux responsabilités et ils doivent les assumer pleinement. À l’issue de ces travaux intenses, des réponses concrètes devront émerger », a-t-il déclaré.
Le Premier ministre Amadou Oury Bah, dans une intervention dense et engagée, a dénoncé la précarité dans laquelle vivent de nombreux enfants en Guinée, contraints de survivre dans la rue, exposés à la marginalisation et à l’immigration clandestine.
« Lorsqu’on voit des enfants de la rue obligés de chercher par eux-mêmes les moyens de leur existence, on se rend compte qu’ils ont perdu leur enfance. Ils n’ont pas eu le temps de connaître cette période fondamentale qu’est l’enfance. […] Cette mentalité de survie pousse de nombreux jeunes à se lancer dans des aventures périlleuses : traverser la mer, affronter le désert, fuir l’invivable », a-t-il soutenu.
Il a également interpellé la jeunesse sur sa responsabilité dans le développement de la société et a appelé à un changement de paradigme.
« On entend souvent que les jeunes ne sont pas écoutés. Mais est-ce que ce sont les gouvernants qui n’écoutent pas ? Ou bien ce sont les jeunes eux-mêmes qui ont perdu le sens de l’écoute, happés par les réseaux sociaux, les émotions, et parfois manipulés par des récits qui déforment la réalité ? Nous devons tous nous poser cette question : quelle est notre part de responsabilité dans ce que nous vivons ? », a-t-ildéclaré.
Dans un ton mêlant pédagogie et mobilisation, il a poursuivi :
« Vous ne pouvez pas demander à quelqu’un d’autre de faire la cuisine et ensuite critiquer la quantité de sel ou d’huile. Non, il faut participer à la préparation du repas. La phase où l’on reste assis à revendiquer sans agir est dépassée ».
Durant ces quatre jours, les participants prendront part à des panels, ateliers et séances de travail portant sur des thématiques telles que le changement climatique, l’immigration irrégulière, la gouvernance, l’accès à l’emploi ou encore à la technologie. Une feuille de route sera adoptée à l’issue des échanges pour nourrir les politiques publiques aux niveaux national et régional.
« En ce qui nous concerne, vous avez une oreille attentive de la part du président général Mamadi Doumbouya », a conclu le Premier ministre, promettant que les recommandations issues du forum seront sérieusement prises en compte pour améliorer les politiques en faveur de la jeunesse.
Thierno Amadou Diallo