La crise au sein du RPG-Arc-en-ciel à Kankan ne faiblit pas. La fracture entre la coordination régionale et le Bureau politique national (BPN) du parti continue de se creuser. Dans la cité du Nabaya, Taliby Dabo, l’un des cadres récemment suspendus, poursuit une tournée de « retrouvailles militantes ». Il rend visite aux familles des premiers militants du RPG, aujourd’hui malades ou décédés, et remet des satisfécits à leurs proches. Un acte qualifié de stratégie de mobilisation par un acteur politique local.
Dans cette tournée, il est accompagné de plusieurs responsables des sections jeunes du parti, notamment ceux qui lui sont proches.
Malgré sa suspension annoncée par le BPN, Taliby Dabo semble loin de se résigner. Au contraire, il multiplie les actions de terrain, dans une posture que certains interprètent comme une démonstration de force. Cette attitude ne laisse pas indifférente une partie de la jeunesse du parti, dont certains prennent déjà position.
Parmi eux, Djènè Mady Keita, figure influente de la jeunesse RPG à Kankan, rejette catégoriquement l’autorité de El Hadj Sory Sanoh, désigné récemment comme nouveau coordinateur régional du parti en Haute-Guinée.
« Ce parti appartient à tous les militants. Certes, c’est Alpha Condé qui l’a fondé, mais chacun d’entre nous s’est battu pour le faire vivre. Nos parents se sont sacrifiés pour le progrès du RPG. Aujourd’hui, nous refusons qu’il finisse comme certains partis qui ont disparu après avoir dirigé ce pays », affirme-t-il.
Et d’ajouter avec fermeté :
« Sory Sanoh ne pèse rien ici. Qu’il essaie de rassembler des militants comme le fait Taliby Dabo, on verra ! Ce n’est pas en se proclamant coordinateur qu’on l’est. Il faut être plébiscité par la base. Pour nous, notre coordinateur reste et demeure Mamby Camara. On ne suspend pas quelqu’un sur un coup de tête. Il y a des statuts et des règlements à respecter ».
Djènè Mady rappelle également que le professeur Alpha Condé lui-même avait critiqué certains membres du BPN au palais.
« Il les traitait d’opportunistes, d’ennemis du progrès. Trois ans après le coup d’État, qu’ont-ils fait pour le parti ? Rien ! Nous étions endormis, mais aujourd’hui, nous sommes réveillés, et personne ne nous fera taire », a-t-il dit.
La tension reste vive à Kankan. Et tout indique que la recomposition interne du RPG-AEC risque de passer par une profonde bataille de légitimité.
Michel Yaradouno, depuis Kankan
