Un procès historique s’ouvre à Kinshasa. L’ancien président Joseph Kabila est jugé pour des faits d’une gravité sans précédent, allant de la trahison à la complicité avec les rebelles du M23. Ce vendredi 25 juillet 2025 marque un tournant dans l’histoire politique de la République démocratique du Congo. Pour la première fois, un ancien chef d’État, en l’occurrence Joseph Kabila, est poursuivi par la justice militaire pour des crimes parmi les plus graves : participation à un mouvement insurrectionnel, homicide intentionnel, trahison, crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité, viol, torture, apologie, déportation. Il est accusé d’avoir entretenu des liens étroits avec le mouvement rebelle du M23, soutenu par le Rwanda, et impliqué dans la récente prise de Goma et Bukavu.
La Haute Cour militaire, saisie de l’affaire, a tenu une première audience ce vendredi. Mais à la demande des avocats de la partie civile, qui ont sollicité un délai pour consulter les pièces du dossier, le procès a été renvoyé au 31 juillet prochain. Le ministère public, de son côté, a exigé que Kabila, absent à l’audience, soit jugé par défaut.
Exilé depuis plus de deux ans, l’ex-président aurait récemment regagné Goma, désormais sous le contrôle du M23, relançant les soupçons de collusion. En RDC, la peine de mort rétablie en 2024 après plus de vingt ans de moratoire est de nouveau applicable, même si aucune exécution n’a encore eu lieu.
L’affaire a été déclenchée en avril par l’ex-ministre de la Justice, Constant Mutamba, qui a saisi la justice militaire. Le procureur général des FARDC a obtenu la levée de l’immunité parlementaire de Joseph Kabila, sénateur à vie, par un vote massif du Sénat : 88 voix contre 5.
Parmi les preuves les plus accablantes : un enregistrement téléphonique dans lequel Kabila aurait discuté avec un haut responsable du M23 d’un plan d’assassinat du président Félix Tshisekedi, attribué au Rwanda. Il y aurait toutefois déconseillé cette option, craignant de « faire de Tshisekedi un martyr », et plaidé en faveur d’un coup d’État militaire.
Dans une vidéo diffusée en ligne peu après la levée de son immunité, Joseph Kabila a dénoncé ce qu’il appelle une « parodie de justice » orchestrée par un « régime aux abois ». Il y voit une manœuvre politique visant à l’éliminer de la scène nationale à l’approche des prochaines élections.
Président de la RDC de 2001 à 2019, Joseph Kabila reste une figure controversée. Son retour à Goma, épicentre des tensions armées dans l’est du pays, n’a fait qu’accentuer le climat de méfiance autour de ses intentions.
N’Famoussa Siby