Absente de la Coupe d’Afrique des nations 2025, la Guinée paie un lourd tribut au-delà de l’échec sportif. Dans les marchés de Conakry, commerçants et revendeurs déplorent un manque à gagner lié à la non-qualification du Syli national, révélant les impacts économiques et sociaux d’une CAN manquée.
Au grand marché de Madina, notre équipe a recueilli les témoignages de vendeurs qui, les années précédentes, réalisaient de bonnes affaires avant, pendant et après la CAN grâce à la qualification du Syli. Cette fois, la déception est immense. Par crainte, certains ont requis l’anonymat.
« Mon frère, vous-même vous saviez, si le Syli est qualifié, cette période on est en train de se faire de l’argent. Souvent, les maillots de la Guinée sont en rupture de stock. Maintenant, ils ne sont pas qualifiés et il n’y a pas de marché avec nos maillots. Pire, lors de la CAN passée, quand le Syli nous a rassurés, on avait commandé beaucoup de maillots. Il y a eu l’élimination et le plan était de revendre ceux qu’on peut et écouler le reste à l’édition suivante. Mais là, on va perdre, parce que les maillots vont se déteindre. Et si l’équipe change de marque, c’est encore un autre problème, car les connaisseurs n’acceptent que les maillots des sponsors officiels de l’équipe », a-t-il expliqué un premier commerçant, visiblement amer.
Pour une autre intervenante, la situation relève du scandale.
« Vous saviez, nous sommes des femmes et rares sont celles qui s’y connaissent vraiment en football. Pour nous, à chaque CAN, tous les pays africains participent. C’est maintenant que je découvre qu’il y a des préliminaires et des éliminatoires. J’ai acheté beaucoup de maillots en Côte d’Ivoire à un prix abordable, en espérant faire du revenu, car là-bas ils étaient très convoités. Mais malheureusement, à mon retour au pays, il n’y avait aucun engouement. Aujourd’hui, je ne sais même pas comment les revendre. C’est vraiment dommage pour moi », a-t-elle témoigné, dépitée.
Sur l’autoroute, une autre revendeuse partage la même inquiétude. Elle comptait, comme chaque année, sur la CAN pour écouler ses marchandises.
« Moi, je suis revendeuse sur l’autoroute. Quand les événements d’envergure nationale arrivent, nous revendons des matériels : foulards, sifflets, bandanas, etc. Mais aujourd’hui, le Syli manque à la CAN et nous, on ne peut pas faire de marché. Je lance un appel aux joueurs de se battre pour le pays. Pendant les périodes de CAN, il y a la ferveur, la joie de vivre et le marché. Qu’ils se battent pour ne plus manquer cette compétition, parce que ça représente beaucoup pour nous », a-t-elle souligné.
Au-delà du football, l’absence du Syli national à la CAN 2025 illustre une réalité souvent négligée : le sport est aussi un moteur économique. Et lorsque le Syli chute, c’est toute une chaîne de petits commerçants qui en paie le prix.
Lonceny Camara


