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TCHAD : le gouvernement sauvera-t-il la junte ?

Sous la pression de l’opposition politique et de la société civile, le Conseil militaire de transition (CMT), la junte tchadienne, s’est empressé de nommer les membres du gouvernement de transition. Celui-ci, composé d’une quarantaine de ministres et de secrétaires d’Etat dont 9 femmes, a été rendu public ce dimanche 2 mai. Le CMT qui n’admet aucun débat sur le rôle prépondérant qu’il s’octroie dans la gestion de la transition, voudrait par la composition de ce gouvernement, à la fois mettre ses adversaires devant le fait accompli et tenter de les rassurer. D’autant qu’au sein de cette première équipe de l’ère post-Idriss Deby Itno, on a quelques opposants. Mais sera-ce suffisant pour effacer les doutes et atténuer les craintes de ceux qui dénoncent des risques de dévolution monarchique du pouvoir ? Il faudra certainement beaucoup plus pour convaincre. En particulier, la charte de la transition devra certainement faire l’objet d’amendement.

Un effort d’ouverture

Il y a sans doute eu un effort d’ouverture de la part du général Mahamat Idriss Deby Itno et du premier ministre Pahimi Padacké Albert. En particulier, le choix de confier le portefeuille de la Justice à un opposant en la personne de Mahamat Ahmat Alhabo, du PLD est un gage d’assurance. Que l’UNDR, le parti du principal opposant à Deby père, Saleh Kebzabo, soit lui aussi représenté dans le gouvernement, participe également de la volonté des autorités de la transition de réussir un certain rassemblement. Et si le parti, ‘’Les Transformateurs’’ n’y est pas représenté, on imagine que cela procède du refus de son jeune leader, Succès Masra, de transiger avec les principes.

Les proches de Deby se taillent la part du lion

Ceci étant, il ne faut pas céder à l’illusion selon laquelle le CMT aurait remis le pouvoir entre les mains de l’opposition. A la limite, celle-ci ne sert que de caution et de vernis. En effet, les principaux postes-clés sont entre les mains de proches du défunt maréchal et donc de son fils qui a repris le flambeau. Ainsi, sous la transition, la diplomatie tchadienne sera pilotée par Chérif Mahamat Zène. Un poste que ce cadre du MPS, le parti de feu le président Idriss Deby Itno, avait déjà occupé entre 2018 et 2020. De même, au poste de ministre délégué à la Défense nationale, on retrouve le général Daoud Yaya Brahim. Lui aussi avait déjà occupé le poste. Quant à la Sécurité publique, c’est désormais le général Souleyman Abakar Adoum, un des quinze membres du CMT, qui en aura la charge. Et même à la Réconciliation nationale et du Dialogue, la nomination de Acheikh Ibn Oumar ne doit pas être perçue comme un symbole d’ouverture. Certes, dans sa longue pérégrination, il a fricoté avec de nombreux groupes rebelles opposés à Idriss Deby. Mais il n’en demeure pas moins qu’il a été l’ambassadeur et le Haut-représentant de ce dernier aux Nations unies. Surtout, depuis son retour d’exil en 2018, il était conseiller du défunt président. Mais à sa décharge, il a une expérience qui plaide qu’on lui accorde le bénéfice du doute.

Amender la charte de la transition

Au-delà, il convient d’admettre qu’avec la composition de ce gouvernement, le CMT a réussi un premier pari. Surtout qu’il a convaincu quelques opposants d’en faire partie. Mais si le réalisme commande qu’on lui concède la conduite de la transition, il doit néanmoins à son tour faire d’autres concessions pour rassurer de sa bonne volonté et de sa bonne foi. Et les opposants, en particulier ceux qui intègrent le gouvernement, ne doivent pas dormir sur leurs lauriers. Il reste en effet à retravailler la charte de la transition. Tel qu’il a été élaboré, ce document comporte des insuffisances ou des flous que certains esprits tordus pourraient essayer d’exploiter pour tourner les choses en leur faveur. Tout d’abord, de cette charte, doit être extirpée toute possibilité que la transition aille au-delà des 18 mois. Au contraire, on devrait même envisager de réduire ce délai. Ensuite, on doit s’entendre pour qu’aucun acteur de la transition (gouvernement, junte ou Conseil national de transition) ne puisse prendre part aux élections devant parachever ce processus. La crédibilité et la sincérité des consultations sont à ce prix. Sans oublier que ce sera également le moyen d’empêcher que le fils succède au père, comme cela s’est passé au Togo ou encore au Gabon.

Boubacar Sanso BARRY

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