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FEGUIFOOT: le scandale de trop !

Ce qui devrait être un scrutin ordinaire, une simple élection pour choisir le futur président de la fédération guinéenne de football (FEGUIFOOT) est devenu en quelques semaines un véritable problème d’enjeu national dont l’équation tend vers l’insoluble. Au point de nous couter encore une fois, notre crédibilité et mettre notre pays sur le banc des nations….footballistiques. Et si tout ça était calculé….

Depuis mars 2021, le sujet sur l’élection du président de la FEGUIFOOT enflamme tous les débats en république de Guinée. Des passionnées de foot aux observateurs ordinaires de la scène nationale en passant par les fans clubs des candidats, tous y ont leur mot à dire et les avis sont aussi divergents que tranchants. Dans le pays d’Alpha Condé, le sport roi a toujours été au cœur des enjeux nationaux et reste le seul domaine qui réunit encore l’ensemble des Guinéens autour de l’idéal patriotique. Il est secondé par l’affaire Nanfo.

Seulement voilà, tout ne se passe pas comme prévu. Au prima bord le contexte de cette année tranche plus ou moins radicalement avec celui des autres années précédentes. Désormais, le processus électoral à la FEGUIFFOOT ne se déroule plus seulement entre les acteurs dans les couloirs lugubres et les bureaux climatisés de la place forte du football sis à Kaloum. Il est devenu un phénomène de société marqué par une médiatisation à outrance grâce à l’apport débordant des réseaux sociaux suivi des médias traditionnels. Cette influence des outils de communication met constamment une forte pression sur les différents acteurs. Au point que d’autres, plus gros, plus forts mais jamais conviés à la danse, s’y invitent malgré tout.

En second lieu, les candidats à la présente magistrature n’ont rien d’anodin. Elle est briguée par deux des plus grosses fortunes du pays. Le sortant Antonio Souaré, PDG de la société de pari Guinée Games et Kerfalla Person Camara PDG du groupe Guicopres, magna du BTP. La guerre de ces “éléphants”, comme on l’entend dans les milieux chauds du football guinéen, a écrasé beaucoup “d’insectes”, égratigné beaucoup de “buffles” et surtout réveillé le terrible lion dormant de la Guinée. Kassa Oura Condé, il s’appelle. Beaucoup de masques sont tombés et les intrigues ne cessent de s’alourdir au gré des évènements. De retrait de KPC à celui d’Antonio, en passant par les invitations, que dis-je, les convocations à la présidence de la république et la fin de la recréation sifflée par la FIFA ce lundi 17 mai 2021, les observateurs avertis commencent à voir clair dans le jeu du chef de l’Etat guinéen. Ne voulant laisser aucune institution lui échapper, le très politique Alpha Condé s’invite dans le jeu alors qu’il doit en principe rester dans la tribune et observer. Les récents évènements notamment autour d’Antonio Souaré nous permettent de dégager ces hypothèses :

  1. Tuer un éventuel adversaire politique ?

Il est évident que Mamadou Antonio Souaré jouit d’une forte popularité auprès de la couche juvénile qui est fortement concernée par le football. Avec ses réalisations de Yorokoguiya et surtout son entreprise de pari Guinée Games, l’une des plus représentées sur le territoire national, il est l’un des hommes les plus connus et les plus riches du pays. Qui ne connait pas un kiosque de Guinee Games ? Toujours pris d’assaut par les jeunes désœuvrés en quête du coup KO pour devenir millionnaire. L’entreprise emploie des centaines de personnes à travers le pays. Sans compter les œuvres de charité à titre personnel du richissime homme d’affaires aussi bien à Lambanyi, quartier huppé de Conakry que dans les milieux populaires. Propriétaires de la télé CIS médias et récemment de la radio Fim FM, Souare pèse lourd aussi dans le domaine des medias. Apres avoir obtenu la gestion du Stade General Lansana Conte de Nongo, sa réélection à la tête de la FEGUIFOOT lui aurait certainement permis de gérer la future CAN 2025 attribuée à la Guinée par la CAF. Ce tremplin aurait fini de peaufiner le CV du sieur Souaré. Alpha Condé aurait-il vu dans cette ascension une menace pour lui et son clan ? Même si Antonio s’est toujours défendu de ne pas faire de la politique politicienne, il est évident que le pouvoir de Conakry n’est jamais en odeur de sainteté avec les personnes influentes si celles-ci ne roulent pas pour lui. Or, l’ancien président de la FEGUIFOOT n’a cessé de fustiger le faible apport de l’Etat dans le soutien du football national. Embourbée dans le troisième mandat, la mouvance n’arrive plus à faire peau neuve. Antonio briserait-il leur rêve de se renouveler en 2026 ?

  1. Faire une OPA sur Guinée Games

Le contexte économique actuel de la Guinée est tout aussi dégradé qu’il ne l’était il y a 4 ou 5 ans lorsque la crise sanitaire d’Ebola finissait. Depuis l’apparition du Coronavirus en Guinée, il n’échappe à personne que nous avons perdu d’énormes opportunités en matière d’investissement direct dans l’économie. Frappées par la récession, les donateurs tradionnels se soucient avant tout d’eux-mêmes. C’est dans ce contexte de crise économique sans précèdent et de tension socio-politique majeure, que le gouvernement s’est entêté a organisé le scrutin controversé de la présidentielle du 18 octobre 2020 pour offrir à Alpha Condé son troisième mandat tant souhaité. Neuf mois plus tard, ceux qui vantaient la bonne santé économique du pays et louaient les prouesses de leur champion sont subitement devenus des oiseaux de mauvais augure. Préparez-vous au pire s’alarment-ils. Les caisses de l’Etat ont été vidées par la très longue campagne présidentielle qui a commencé, souvenez-vous par le referendum de mars 2020. Aujourd’hui, ils menacent les entreprises, taxent encore plus les opérateurs téléphoniques etc… Il faut vaille que vaille renflouer les caisses de l’Etat. Par tous les moyens. Et la mise sous tutelle d’une entreprise florissante comme Guinée Games ne serait pas une si mauvaise idée. Ils l’ont déjà fait avec PMU qui est depuis aout 2019, avalée par la LONAGUI, l’entité de tutelle des sociétés de pari. Quoi de mieux que de créer des ennuis judiciaires à son PDG ?

  1. Perdre l’organisation de la CAN et faire semblant d’en être dessaisis par la CAF

L’organisation de la CAN 2025 a été octroyée à la Guinee après les réaménagements apportés suite à la délocalisation de la CAN 2019 du Cameroun au Maroc. Une première pour notre pays qui se voit ainsi donner la lourde tâche d’organiser cette CAN reformée qui passe de 16 à 24 équipes. La Guinée qui est déjà en manque criard d’infrastructures de base, parviendra-t-elle seule à tenir cet engagement à moins de 4 ans de l’échéance ? Le futur nous le dira certainement. Mais ce que le présent nous révèle est qu’hormis la mise en place du COCAN, rien n’est fait sur le terrain pour le démarrage des travaux de construction ou de rénovations de stades ou encore de construction d’hôtels pour l’hébergement des délégations. Pire, les autorités du pays refusent pour le moment de co-organiser l’évènement avec un autre pays voisin malgré l’insistance du Sénégal qui espère en devenir co-organisateur. Alors que le temps presse et au vu des immenses chantiers que requiert l’organisation d’un tel évènement, le gouvernement verrait-il dans l’élection à la FEGUIFOOT l’occasion de se débarrasser ce défi ? En intervenant assez clairement dans ce processus électoral, le gouvernement sait pertinemment qu’il expose le pays et la FEGUIFOOT aux sanctions de la FIFA qui pourraient suspendre la Guinee de toutes les compétitions continentales pour une durée pouvant inclure 2025, l’année de la tenue de la CAN. Et si c’était ça l’objectif recherché ? Avec des membres comme Ansoumane Baffoé CAMARA, Directeur General de la police nationale, il est évident que le COCAN n’est qu’une coquille remplie d’amateurs et de militants zèlés du RPG. Au regard de tout cela, le bout du tunnel est loin encore pour les membres statutaires de la Fédération et leur fameuse commission électorale.

Alpha Oumar DIALLO

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