Mafoudia Souaré revendique un métier atypique. En effet, depuis 25 ans, elle est bouchère au marché de Kiroty. Un métier habituellement réservé aux hommes dont elle est tire le revenu qui lui permet d’encadrer ses trois filles. Vu qu’elle est mère célibataire depuis qu’elle a divorcé d’avec son premier époux.
Héritage familial
Sa profession qui la distingue tant, Mafoudia la doit à sa mère, Assiatou Bangoura. Cette dernière est en effet elle-même une bouchère très connue. Assiatou Bangoura a sa place au marché de Taouyah, dans la commune de Ratoma. « J’ai grandi en la voyant découper et vendre de la viande », explique Mafoudia. Plutôt impressionnée par l’abnégation de sa « mère-modèle », elle ne résiste pas à la tentation d’épouser son métier.
Je joue le rôle de mère et de père à la fois
Certes, il a fallu consentir d’énormes sacrifices. Notamment au début. « Cela n’a pas été facile, surtout que c’est est un travail qui demande beaucoup d’effort et de risque. Il m’arrivait de me couper », se rappelle-t-elle. Mais désormais Mafoudia se frotte les mains. « Grâce à Dieu, je gagne ma vie dans ce travail. Je vis seule avec mes trois enfants et je les nourris, les scolarise et les soigne de ma poche », confie celle qui s’empresse d’ajouter qu’elle est « la mère et le père à la fois ».
Le regard des autres
Une femme qui découpe et vend de la viande dans le marché, ce n’est pas très fréquent en Guinée. D’ailleurs, certains n’hésitent pas à lui faire part de leur étonnement notamment en la conviant à se réorientant vers des métiers « moins pénibles ». Mais ces remarques, elle n’y prête guère attention. « Ça m’est égal », dit-elle. L’essentiel pour elle, c’est la passion qui la lie désormais à son métier. « J’aime ce que je fais et je l’assume. J’en suis fière. Celui qui veut m’aider n’a qu’à m’encourager dans ce que je fais », réplique-t-elle. Elle en tire même un sentiment de fierté. « C’est mieux que de se prostituer ou de se promener de maison en maison pour quémander. Ce que je gagne ici, je le gagne à la sueur de mon front », lance-t-elle en guise de conclusion.
Asmaou Diallo