On croirait entendre le colonel Mamadi Doumbouya. Répondant aux questions des avocats de la partie civile, dans le cadre du procès sur le massacre du 28 septembre, Aboubacar Sidiki Diakité, amené à justifier le coup d’Etat du 22 décembre 2008, a utilisé l’argument que l’actuel président de la Transition a l’habitude de développer.
Dans les conditions normales, à la mort de Lansana Conté, c’est feu Aboubacar Somparé, à l’époque président de l’Assemblée qui aurait dû assurer la vacance du pouvoir. Mais Toumba Diakité dit que « le parlement n’était pas légitime ». Or, en pareille circonstance, « l’armée est l’arbitre quelque part ». Mieux, à en croire l’ancien aide de camp du capitaine Moussa Dadis Camara, « si les politiques faillissent l’armée prend ses responsabilités ». Et ce statut d’arbitre conféré à la grande muette, c’est, selon lui, avec la bénédiction du peuple qu’elle l’assume.
Curieusement, c’est le même raisonnement que nous avons aujourd’hui de la part des membres du CNRD. Ils sont arrivés au pouvoir, parce que les politiques ont failli. Et c’est la même logique qui semble commander les rapports plutôt difficiles entre les autorités et la classe politique dans son ensemble. Les premières imputant à la seconde l’entière responsabilité de tout ce qui n’aura pas fonctionné jusqu’ici dans la marche du pays.
Fodé Soumah