On vous le disait dans nos précédentes publications. A la suite de Blaise Goumou, c’est l’accusé Paul Mansa Guilavogui qui a comparu les deux derniers jours de cette semaine devant le tribunal criminel délocalisé dans l’enceinte de la Cour d’appel de Conakry, dans le cadre du procès sur les massacres du stade du 28 septembre. Poursuivi entre autres pour enlèvement, séquestration et détention de personnes, son interrogatoire se poursuivre le lundi prochain. Mais d’ores et déjà, Me Amadou Ds Bah, un des avocats des parties civiles, s’en est fait une idée. Et l’accusé ne lui inspire aucune confiance. Au contraire, il trouve même que c’est le « pire des accusés » et que ce dernier ferait montre de « mauvaise foi ». Ce que l’avocat de l’intéressé conteste tout naturellement.
Pour Amadou Ds Bah, l’accusé Paul Mansa Guilavogui fait dans le déni et la rétractation systématique par rapport à ce qu’il avait notamment déclaré devant le juge d’instruction. « C’est assez surprenant de la part d’un accusé de réfuter même son procès-verbal. Or, comme il a si bien indiqué, c’est le juge Diawara qui l’a interrogé au fond. Juge en qui il a confiance mais, il refuse de reconnaître son procès-verbal. Nous, on est assez surpris de sa part, mais on n’est pas découragé, puisque dans tous les cas, le procès-verbal en fait foi jusqu’à inscription de faux. Il s’agit d’un juge assermenté et cela nous suffit. C’est un accusé de très mauvaise foi qui cherche à travers des dénégations à se soustraire de sa responsabilité dans la torture de plusieurs Guinéens qui ont été raflés au stade et conduits au camp Makambo », déclare l’avocat des parties civiles au terme des deux premiers jours d’interrogatoire de M. Guilavogui.
Me Ds est d’autant plus déçu de la prestation de l’accusé qu’à ses yeux, ce dernier est un personnage central dans la torture qui, au-delà des massacres perpétrés au stade, avait été réservée à d’autres citoyens raflés et conduits dans l’enceinte du camp Koundara. « Les personnes qui ont été raflées au stade ont été torturée le même jour et les jours qui ont suivi. Ce n’est qu’une simple diversion quand il veut parler des évènements du 3 décembre. Il n’est pas poursuivi à cette audience pour les évènements du 3 décembre 2009. Il est poursuivi pour les tortures commises par lui et ses amis du camp Koundara, après les évènements du 28 septembre 2009, c’est-à-dire les jours qui ont suivi. Lui, c’est le pire des accusés qui aient comparu à cette barre, parce que, les autres au moins ont reconnu le contenu du procès-verbal qu’ils ont librement signé. Lui, il va jusqu’à nier le contenu d’un procès-verbal qu’il a signé. Donc, c’est un accusé de très mauvaise foi qui a été découvert à la barre mais, cela va très certainement se retourner contre lui », prédit encore l’avocat des parties civiles.
Et comme il fallait s’attendre, l’avocat de Paul Mansa ne partage cette lecture des choses. Me Mohamed Abou Camara trouve que les droits de son client ont été systématiquement violés durant la procédure. « Lors de l’enquête préliminaire chez Tiegboro, Ensuite, au cabinet d’instruction, il n’a eu droit ni à un avocat, ni à un interprète. Imaginez qu’on dise que c’est ce qu’il a reconnu, c’est ce qu’il a signé. La loi reconnaît à l’accusé un certain nombre de droits qui n’ont pas été respectés. Et, c’est ce qui va mettre à l’eau toutes les déclarations faites au niveau du cabinet d’instruction », rétorque l’avocat de la défense.
Pour Me Camara, il faut donc tenir compte de ce que son client déclare à la barre dans cette phase de l’instruction définitive. « Ce n’est pas une mauvaise chose que mon client nie des déclarations qu’on lui colle à la peau. Je crois que mon client Paul Mansa Guilavogui se comporte très bien et il va s’en sortir », promet pour sa part, Me Mohamed Abou Camara.
Aminata Camara