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RD Congo : la guerre surfe sur l’hypocrisie internationale

En médecine, il est admis qu’une fois le bon diagnostic établi, on peut venir à bout du mal. Mais cette vérité universelle ne s’applique guère à la guerre dont l’est de la République démocratique du Congo (RD Congo) est le théâtre depuis que la rébellion du M23 a repris les armes et s’est manifestement donnée pour objectif de s’assurer le contrôle de la région du Nord-Kivu, avec en prime la capitale Goma. En effet, dans ce conflit, tout le monde a fini par se convaincre que le Rwanda de Paul Kagamé est à la base des nouvelles tensions. Il n’y pas que Félix Tshiskedi qui le dit. Des rapports des Nations unies l’ont également confirmé. Le diagnostic est donc connu et partagé. Mais le cancer persiste. En dépit du séjour récent que le président Emmanuel Macron a effectué et des menaces de sanctions qu’il a brandies depuis Kinshasa. En dépit aussi des trois jours de visite qu’une délégation du Conseil de sécurité des Nations unies vient également d’y effectuer. Ce, parce qu’on refuse de dire la vérité à Paul Kagamé. Est-ce parce qu’il est protégé par les Etats-Unis ou bien parce qu’en menant la guerre en RDC, il est au service d’une communauté internationale, finalement engluée dans ses contradictions ? En tous les cas, il profite de la duplicité des grandes chancelleries occidentales.

Bonne conscience

La guerre dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), tout le monde en parle. Mais en réalité, au-delà des gros mots et des nobles intentions, personne ne fait ce qu’il faut pour y mettre un terme. De Paris à New York, en passant par Washington et Bruxelles, on veut juste se donner bonne conscience. Le Congo a beau multiplier les déclarations dénonçant, rapport des Nations unies à l’appui, le soutien du Rwanda aux rebelles du M23. Mais à l’exception des organismes de défense des droits de l’homme, aucun acteur d’envergure de la communauté internationale ne reprend à son compte ces accusations. Kagamé fait-il aussi peur ? La question vaut son pesant d’or. Dans la mesure où même Emmanuel Macron, lors de sa dernière tournée en Afrique centrale, auréolé du nouveau logiciel qu’il promet de vendre à l’Afrique, a soigneusement évité de mettre en cause le Rwanda. Le président français s’en était tenu aux généralités, se contentant de renvoyer dos-à-dos les acteurs impliqués dans les nouvelles tensions dont le Nord-Kivu est le théâtre. Pas étonnant donc que son appui au cessez-le-feu qui devait rentrer en vigueur le mardi 7 mars ait été royalement ignoré. Parce qu’au-delà des déclarations de principe, le Rwanda sait que personne ne se risquerait à le sanctionner.

Nicolas de Rivière

L’hypocrisie dont fait montre la communauté internationale se traduit également dans la visite de trois jours que le conseil de sécurité des Nations unies a achevé ce dimanche 12 mars 2023 en RD Congo. Visite précédée par l’appel du secrétaire général de l’ONU à l’endroit justement des rebelles du M23, afin qu’ils respectent la dernière trêve obtenue par la médiation angolaise. Sauf que le vendredi dernier, alors que la mission onusienne était dans le pays, des affrontements d’une rare violence étaient signalés à 30 km de Goma, la capitale de la région du Nord-Kivu. Ce qui en soi traduisait bien le peu d’intérêt et de considération que la rébellion a pour la communauté internationale. Nicolas de Rivière, le représentant de la France à l’ONU, membre de la délégation du conseil de sécurité, a certes reconnu et flétri l’agression dont le Rwanda se rend coupable au détriment du Congo. Mais au-delà de ces quelques mots, pleins d’audace, qu’est-ce qui va changer réellement ? Pas grand-chose.

Jouer avec le feu

Pourtant, il y a un grand risque à laisser le conflit dans l’est de la RDC perdurer. La première conséquence est d’ordre politique. En effet, si la guerre se poursuit, cela servira à coup sûr de prétexte plutôt légitime pour que l’élection présidentielle, devant théoriquement avoir lieu en décembre prochain, soit repoussée. Or, une telle perspective est en soi porteuse d’autres risques aux conséquences tout aussi incertaines. Un autre problème pouvant découler d’une guerre sans fin dans la zone orientale du Congo se rapporte au fait que l’insécurité pourrait donner des idées aux terroristes. Déjà, on évoque aujourd’hui des liens entre la rébellion des ADF et l’Etat islamique. Si la région venait à se transformer en un no man’s land, d’autres acteurs aux sombres idées pourraient y voir une opportunité à saisir. Autant de raisons qui devraient inciter la communauté internationale à ne pas continuer à jouer avec le feu. Quitte à fâcher Paul Kagamé !

Boubacar Sanso Barry

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