C’est le mystère total. En effet, ce lundi matin, c’est avec beaucoup d’étonnement que le monde a écouté le président du tribunal criminel qui juge les présumés auteurs et commanditaires des massacres du 28 septembre, annoncer le report de l’audience au 2 mai. Personne n’y a compris grand-chose, dans la mesure où le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara n’a donné aucun motif à cette décision. Le mystère est tel que même les avocats des parties civile et de la défense ne s’y attendaient. Toutefois, selon des indiscrétions qui ont pu parvenir à notre rédaction, ce renvoi serait synonyme d’un coup de pression de la part notamment des magistrats qui officient dans le procès, en vue du versement de leurs arriérés de prime.
Au micro du reporter du Djely, Me Thierno Amadou Oury Diallo, un avocat des parties civiles, a confié tout son étonnement. « Franchement, j’ignore totalement les motifs pour lesquels le tribunal a renvoyé cette affaire jusqu’au 2 mai. D’habitude, quand c’est nous qui demandons un renvoi, le tribunal nous demande le motif et lorsque le motif n’est pas fondé, le tribunal n’y accède pas. Mais aujourd’hui on a été surpris que l’audience soit ouverte et qu’elle soit automatiquement renvoyée par le tribunal sans nous dire les causes pour lesquelles ce renvoi a été fait, alors que la composition du tribunal était vraiment au complet », a confié l’avocat. Qui, dans la foulée, avoue son impuissance cependant : « Qu’est-ce que nous pouvons ! le tribunal a utilisé son imperium pour renvoyer l’affaire sans même nous dire les motifs pour lesquels le renvoi devrait être fait ».
Mais en réalité, ce renvoi est une forme de débrayage la part des magistrats qui, nous dit-ion, n’ont pas reçu leurs primes depuis des mois. Ensuite, on évoque aussi le cas de la restauratrice qui prépare notamment pour les accusés. Cette dernière nos sources n’ont pas révélé l’identité aurait préfinancé les premiers mois durant lesquels elle a livré des repas aux accusés. Mais sa facture demeurerait impayée, là aussi depuis des mois.
Autant de couacs qui qui ne rassurent guère à propos de la suite du procès. D’autant des sources évoquent des pistes d’une corruption qui entourerait la tenue de ce procès. Une corruption qui se déroulerait sous forme de retro-commissions résultant de certaines prestations.
Aminata Camara