Jusqu’en janvier dernier, Soham El Wardini était mairesse de la ville de Dakar. A ce titre, c’est elle qui a porté la candidature de la capitale sénégalaise pour abriter le Forum mondial de l’économie sociale et solidaire (GSEF 2023). Par ailleurs, Soham El Wardini est perçue comme une femme modèle. Elle était ainsi, au côté d’autres femmes engagées comme elle, à l’honneur le 3 mai dernier, à l’occasion du lancement du pré-Forum Femmes, au Grand théâtre national de Dakar. Notre reporter qui prend part au Forum en a profité pour lui tendre le micro. Entretien exclusif
Qui est Soham El Wardini et quel bilan pourriez-vous vous attribuez en tant que mairesse ?
J’ai été Professeur d’anglais dans les lycées et collèges de Dakar. Je suis entrée en politique en 2000. J’étais avec Moustapha Niasse à l’AFP (Alliance des forces du progrès) où j’ai occupé d’importantes fonctions. J’ai été maire de la commune de Mermoz Sacré-Cœur. Ensuite, j’ai été présidente des femmes du département de Dakar et membre du bureau politique. Et c’est en 2009 que suis arrivée à la mairie de Dakar, en tant que 9ème adjointe. En 2014, j’ai été élue première adjointe du maire de la ville, et en 2017, mon prédécesseur a été révoqué de ses fonctions suite à des évènements. Et je l’ai remplacé à la ville de Dakar. C’est précisément le 29 septembre 2018 que j’ai été élue maire de Dakar.
De 2018 à janvier 2022, j’ai terminé les projets de Khalifa Sall. J’ai fait des projets et j’ai quand même obtenu l’organisation du Forum de l’économie sociale et solidaire dont j’ai porté la candidature de la ville de Dakar. Nous avons aussi candidaté pour l’organisation des Jeux olympiques (JO) 2022, reportés en 2026.
Vous le disiez tantôt, c’est vous qui avez porté la candidature de Dakar pour abriter ce Forum ? Quelles étaient vos motivations ?
Nous avons beaucoup fait dans l’autonomisation des femmes, nous y avons beaucoup travaillé avec la banque municipale qui est le FODEL. Nous avons formé, renforcé les capacités et financé beaucoup de femmes. Nous avons porté la candidature de la ville de Dakar pour accueillir le Forum de l’économie sociale et solidaire (GSEF), parce que l’économie sociale et solidaire a sa base en Afrique, et surtout ici au Sénégal où les femmes s’étaient organisées pour subvenir à leurs besoins, pour travailler à base des cotisations qu’elles faisaient dans les tontines et autres. Et donc, l’économie dont on parle marche très bien chez nous, surtout pour le secteur informel. Les personnes qui n’ont pas accès au crédit bancaire s’étaient organisées de telle sorte qu’elles empruntent de l’argent ou qu’elles cotisent entres elles pour donner à une personne. Ce qui fait que nous nous avons une très forte expérience, et quand nous avons envoyé notre candidature au GSEF, je pense que les gens n’ont pas vu meilleures productions ailleurs. Ce qui fait que notre candidature est passée comme lettre à la poste avec le soutien même de la Tunisie, parce que nous étions les deux favorites. Il est vrai que Bamako aussi a désisté.
Dakar a peut-être une longue expérience en rapport avec l’économie sociale et solidaire, elle est néanmoins décrite comme une ville particulièrement chère ?
C’est vrai que les prix des denrées augmentent. Mais cela est dû à l’inflation et à d’autres facteurs tels que les conséquences de la pandémie de COVID-19. La guerre en Ukraine fait aussi que certains produits sont devenus rares sur le marché, les salaires n’ont pas augmenté, les prix des denrées ont augmenté. Mais Dakar n’est pas si chère par rapport aux autres villes. On parle de ville la plus chère au monde, mais on arrive à vivre à Dakar. Mais encore une fois, il est vrai que si on augmente les salaires des travailleurs, ce serait mieux. Il y a des difficultés, mais ça va changer.
L’autre paradoxe, c’est qu’on vante les infrastructures notamment routières à Dakar, mais la circulation reste caractérisée par d’énormes embouteillages. Comment se fait-il ?
Nous avons beaucoup d’infrastructures routières, mais vous avez dû remarquer les travaux. Ce sont surtout les travaux du Bus Rapid Transit (BRT) qui causent les embouteillages. Tant que ce n’est pas fini, la ville sera embouteillée, parce qu’il y a des barrages et des excavations partout. Vous verrez d’ici le mois de décembre ou janvier, il sera très loisible de circuler dans Dakar.
Quelles sont vos perspectives après la mairie de Dakar ?
Après la mairie, je reste toujours active dans le domaine du social par exemple. Je suis là et j’accompagne le président Khalifa Sall. Moi je ne cherche plus rien, mais puisque lui il sera candidat à la présidence de la République, Inshallah, je serai à ses côtés pour battre campagne avec lui et l’aider à gagner, s’il plait à Dieux, à la présidentielle de 2024.
Au regard de votre parcours, vous êtes une femme modèle. Surtout dans le monde politique. Quels conseils auriez à prodiguer à la nouvelle génération ?
Je conseille à la nouvelle génération d’être des citoyennes modèles pour bien éduquer les enfants, parce que les jeunes sont l’avenir du pays. Il faut des mamans qui puissent les encadrer, les éduquer à la paix et à la citoyenneté. Il faut aussi que cette nouvelle génération de femmes puisse s’engager en politique, il faut que les femmes osent s’engager en politique, parce que défendre les droits de la femme et être dans les instances de décision, c’est très important pour le bien-être de la population et surtout de la junte féminine.
Comme j’avais l’habitude de le dire quand j’étais à la tête de la mairie, gérer une mairie c’est comme gérer une maison. Il faudrait donc qu’il y ait le maximum de femmes à la tête de ces mairies pour les amener être proches des populations, être à leur écoute, mais aussi pour manager la commune, la cité ou la ville qu’on dirige, comme sa propre maison. Aussi, je les encourage vraiment à s’engager en politique, je les engage à la solidarité et à la culture de la paix.
Propos recueillis par Hawa Bah