Après plus de neuf mois pour les premiers et quatre pour le dernier de détention à la Maison centrale de Coronthie, Oumar Sylla alias Foniké Menguè, Ibrahima Diallo et Billo Bah ont enfin recouvré leur liberté le mercredi soir. Une libération qui s’est faite en dehors de toute procédure qui illustre aux yeux nombre d’observateurs, l’inféodation de la justice à l’exécutif. Un recul en soi, estime Taliby Dabo, responsable du RPG-arc-en-ciel à Kankan.
La libération de Foniké Menguè et de ses camarades constituent indéniablement une des premières conséquences de la pression que mettent les Forces vives de Guinée (FVG), à travers la série de manifestations qu’elles ont planifiées. Mais la procédure soulève quand même quelques soucis. D’ailleurs, pour Taliby Dabo, le camouflet infligé à la justice à l’occasion est sans précédent. « Dans la gouvernance d’Alpha Condé, on n’a jamais vu de tels contournement de la procédure judiciaire. Sur une journée, on décide de libérer quelqu’un qu’on a détenu depuis neuf mois sans avoir respecté la procédure. C’est une première en Guinée. Nous, on n’a jamais été agités de la sorte. On nous a dit à la prise du pouvoir que la justice sera la boussole de cette transition. Si cette boussole est tombée, cela veut que tout le reste doit quitter derrière le rideau », dénonce le coordinateur de l’ancien parti au pouvoir à Kankan.
Rappelant que son parti et le FNDC n’ont jamais été des amis, Taliby Dabo admet cependant que la situation qui prévaut dans le pays explique le rapprochement qu’il y a entre les deux. « Nous ne sommes pas d’accord avec le FNDC, mais nous dénonçons les abus du pouvoir et veillons au respect de l’État de droit », précise-t-il.
La libération de Foniké et de ses compagnons ouvre-t-elle la voie à la fin de la détention de tous les autres ? C’est en tout cas ce que demandent les Forces vives de Guinée, via le préalable relatif à la fin du harcèlement judiciaire contre les acteurs politiques et de la société civile. Mais le pouvoir sera-t-il à céder sur tous les points ? La question reste posée.
Michel Yaradouno, Kankan pour ledjely.com