Le conflit domanial sur fond judiciaire entre dame Asmaou Diallo et les héritiers de son défunt frère, feu Abdourahmane Diallo, continue de défrayer la chronique. Il électrise déjà les rapports entre le ministre de la Justice et l’Association des magistrats de Guinée (AMG) qui a vient d’émettre un mot d’ordre de débrayage en signe de protestation contre les ingérences du ministre dans les affaires judiciaires. Et c’est dans ce contexte que l’avocat des héritiers de feu Abdourahmane Diallo, à, lui aussi, pris la parole ce vendredi 18 août 2023, au siège de son cabinet, sis à Lambanyi, dans la commune de Ratoma. Me M’Bomby Mara qui jure disposer de toutes les preuves contre Asmaou Diallo.
Remontant à la source de ce conflit, Me Mara souligne une première contradiction qui confond Asmaou Diallo. Feu Abdourahmane Diallo, décédé le 26 février 2019, avait laissé un domaine avec une contenance superficielle de 11 parcelles à Labé, que la dame dit lui avoir été cédé. Mais ce n’est que le 11 août, soit plus de 5 mois après que sa sœur, Asmaou Diallo, s’est fabriquée une ‘’prétendue attestation de cession’’. Le crime n’étant jamais parfait, ladite attestation commence ainsi : « J’ai soussigné feu Abdourahmane Diallo, reconnaît avoir cédé… ». Dans leur empressement, les auteurs du document n’ont même fait attention au « feu », qui laisse croire que le défunt a élaboré le document après son décès. L’avocat ne peut qu’ironiser sur cette bourde qui trahit la supercherie. « Le défunt apparaît pour délivrer une attestation de cession. Donc, c’est Jésus numéro 2 pour madame Asmaou Diallo ».
C’est donc au sujet de ce domaine que les enfants du défunt ont poursuivi leur tante qu’ils accusent de vouloir les déposséder du bien laissé par leur père. Dans un premier temps, elle était poursuivie pour « stellionat ». Puis, à ce premier chef d’accusation est venu à greffer celui de « l’abus de confiance ». Car, souligne l’avocat, la dame s’est immédiatement appropriée des documents de propriété du domaine dès le décès de son frère. « Elle ne s’est pas uniquement limitée au titre de propriété, il y a aussi le compte bancaire. Elle soustrait la carte d’identité de son frère et falsifie la signature de la veuve qui est à Labé », précise-t-il.
L’affaire a été jugée par le tribunal de première instance de Labé en flagrant délit. Après plusieurs audiences, Dame Asmaou Diallo a été reconnue coupable des faits « d’abus de confiance et de faux et usage de faux » et condamnée à 10 mois d’emprisonnement dont 8 assortis de sursis et 7 millions de francs guinéens comme amende. Sur l’action civile, elle a été condamnée au paiement de 3O millions de francs guinéens à la partie civile pour tous préjudices confondus. « La peine a été légère. Avec toutes ces infractions, on devrait lui coller au minimum trois ans de prison ferme. Le juge nous a alloué 30 millions de francs guinéens. Un montant dérisoire. Le procureur général et moi avons donc relevé appel. Le dossier a été déféré avec la plus grande rapidité à Conakry. Il y avait une machine qui était derrière le dossier de la procédure, puisque la femme purgeait les deux mois à la maison centrale de Labé », relate Me Mara.
Aliou Nasta