Mamadou Yaya Bah, un jeune lycéen est la dernière victime de la répression des manifestations à Conakry. Selon ses proches, alors qu’il rentrait hier à la maison, à la suite d’une permission qu’il avait obtenue des responsables de l’école, pour raison de santé, il a été atteint par une balle, dans le sillage d’une manifestation contre le délestage électrique. Son père notamment assure qu’il ne portera pas plainte. Croyant, il préfère le soin à Dieu de trancher entre ceux qui ont ôté la vie à son enfant et ce dernier.
Ibrahima Bah, le père, était hier à Madina quand on l’a joint pour lui annoncer la terrible nouvelle. Selon les récits qu’on lui a faits, Mamadou Yaya a été atteint aux alentours de 13 heures 30 min. il ne comprend pas qu’on ait tiré sur son garçon sans même prêter attention au fait qu’il arborait son uniforme. Quand on lui a tiré dessus, Mamadou Yaya s’est écroulé sur le trottoir. « Les jeunes sont venus le prendre pour l’amener dans une clinique non loin de là, ils l’ont laissé là-bas. Arrivé à la clinique, j’ai trouvé que c’était vrai. Il était couché là, son sac et ses chaussures près de lui. Il était trempé de sang. Quand nous l’avons pris pour l’envoyer à la maison, les forces de sécurité ont à nouveau tiré en direction des gens, mais heureusement personne n’est tombé. Nous avons amené le corps ici, ensuite pour le cimetière. Les bérets rouges étaient installés un peu partout avec des armes. Ils ont aussi tiré en direction des gens, ceux qui tenaient le corps ont failli le faire tomber. Nous sommes allés enterré le corps », a expliqué le père éploré.
Dépité, il s’en remet à Dieu. « Ceux qui sont en train de tirer sur des personnes comme ça, ils ont aussi des enfants, ils ont une famille, le sang qu’ils font couler, ils payeront pour ça. (…) Le sang et les larmes qu’ils sont en train de faire de couler, vont se retourner contre eux-mêmes tôt ou tard. Nous nous ne porterons pas plainte contre quelqu’un, l’âme qu’ils ont ôtée là, c’est entre eux et Dieu, puisque l’âme appartient à Dieu », a-t-il assuré
Egalement sous le choc, la sœur du défunt raconte les circonstances de la mort de Mamadou Yaya. « Il a été touché par une balle au niveau de la tête, au moment où il revenait de l’école pour la maison parce qu’il se plaignait de maux de tête. Il avait pris une permission auprès des responsables de l’école. Lorsqu’il est arrivé au niveau de la T8, il a trouvé que des jeunes manifestaient contre le manque du courant électrique dans leur zone. C’est aux environs de 14 heures qu’on m’appelle pour m’informer que mon jeune frère a été tué par les forces de sécurité. Cette nouvelle m’a dévasté encore davantage, car mon frère n’était pas un manifestant », a-t-elle raconté.
Mamadou Diallo, camarade de classe de feu Mamadou Yaya confirme que celui-ci est parti de l’école, parce qu’il n’était pas bien portant. « Hier comme d’habitude, nous sommes venus à l’école, lui se plaignait d’un mal. Il a forcé les choses et est resté jusqu’à 10 heures. Mais vu que ça n’allait toujours pas, il a demandé la permission à notre enseignant, ce dernier la lui accordée. Malheureusement, il n’y avait pas de véhicule de transport en commun. Il a décidé de marcher jusqu’à ce qu’il trouve un moyen de déplacement, c’est dans ces circonstances qu’il a été atteint par une balle venue des hommes en tenue postés dans les parages. S’il est difficile que c’est tel ou tel corps, mais je sais que ce sont les éléments de la gendarmerie et de la CMIS qui étaient là-bas », a assuré l’ami du défunt.
A la différence du père, l’ami de Mamadou Yaya réclame justice pour son ex-copain.
Aliou Maci Diallo pour LeDjely.com