Comme s’ils s’étaient subitement synchronisés, nombre d’artistes multiplient depuis quelques jours des chansons dédiées au général Mamadi Doumbouya. Intervenant dans un contexte de débat intense sur la candidature redoutée du président de la Transition à la prochaine présidentielle – contrairement à l’engagement qu’il avait pris – cette démarche elle-même fait l’objet d’un grand débat au sein de l’opinion. Certains y voyant notamment une stratégie pour préparer les Guinéens au rétropédalage du président de la Transition. Les journalistes ont donc profité de la conférence de presse que les membres de l’Union sacrée ont animée ce mardi à Conakry, pour demander à quelques-uns d’entre eux ce qu’ils pensent de tout cela.
Pour le président du Parti Guinée moderne (PGM), Mamadou Bobo Diallo y voit une simple démagogie et la prédisposition de certains artistes à ne se soucier que du pain quotidien. « Nous condamnons fermement ces formes de soutiens qui ne sont pas vraiment louables. D’ailleurs, nous les qualifions de démagogues », lance Mamadou Bobo Diallo. Dans l’absolu, « il n’est pas interdit de faire des chansons pour quelqu’un », dit-il. Toutefois, s’empresse-t-il de nuancer : « il ne faut pas se permettre aussi de faire du n’importe quoi et au détriment de la volonté populaire. Surtout que vous êtes dans un contexte où la personne concernée n’a rien déclaré encore concernant sa candidature. Donc, arrêtez des soutiens comme çà. Attendez que la personne concernée se déclare pour lui apporter des soutiens ».
Cet avis, Ousmane Dady Camara, président du Rassemblement guinéen du travail (RGT), ne le partage pas. En démocratie, on ne peut empêcher quelqu’un d’exposer sa pensée et sa volonté. A en croire ce leader politique, c’est plutôt au président de la Transition de faire un choix entre ces artistes, voix e la paix, et une démarche consensuelle que voudraient tous les Guinéens. « Les artistes doivent unir, aider, ils n’ont pas de position de division, à ce que je sache. Donc, il est important pour tous les Guinéens d’accepter de mettre en priorité la Guinée. Nul n’est au-dessus de l’autre. Personne ne peut se permettre de parler au nom de la Guinée car il n’est nullement l’émanation du peuple. Donc il est important que nous mettions de l’eau dans notre vin », conseille Ousmane Dady.
Abondant, lui aussi, la question de la candidature éventuelle du général Mamadi Doumbouya, Dr. Ibrahima Sory Diallo, de la coalition ADC-BOC, met l’accent sur les engagements initiaux pris par ce dernier. « Nous sommes dans une période transitoire. Personne n’a dit au Chef de l’État de ne pas être candidat, c’est lui-même. Ce sont ses engagements personnels à lui. Donc, pour toute chose, c’est à lui de dire qu’il ne sera pas candidat ou qu’il sera candidat. (…) Lorsque le président estime que ce qu’il a dit au peuple, il ne peut pas le respecter, c’est à lui de venir le dire. Mais pas à des artistes qui sont en train de faire des propagandes. Nous, nous restons derrière la décision du Président qu’il ne sera pas candidat », souligne ce troisième leader.
Néanmoins, si le président de la Transition venait à renoncer à son engagement, Dr. Ibrahima Sory Diallo ne s’en offusquerait pas tant que ça. « Sa candidature ne nous inquiète pas. S’il dit aujourd’hui qu’il est candidat et qu’il puisse se débarrasser de tous ces avantages de l’État, moi Dr Diallo, je vais compétir contre lui », promet le leader de ADC-BOC.
Mariama Ciré Diallo et Fodé Soumah
