La préfecture de Siguiri a constitué la deuxième étape de la mission de supervision des activités des ONG initiées par le comité de pilotage du projet SWEDD. Dans cette préfecture située à plus sept cents kilomètres de la capitale Conakry, les initiatives des consortiums sur place sont observées à la loupe. Les succès relevés sont salués, mais par endroit, il y a eu des recommandations dans l’intérêt supérieur des bénéficiaires.
La commune rurale de Doko à quelques quarante-cinq kilomètres de Siguiri est le lieu choisi pour la supervision des activités. Les sous projets “Compétences de vies’’ et ‘’Autonomisation des filles et femmes’’ sont exécutés par les consortiums “AGIL International-CENAFOD-Maison’’ et “Care Guinée- AID“. Ils visent à promouvoir la santé sexuelle et reproductive, l’éradication des mariages d’enfants, la déscolarisation de la jeune fille mais aussi la promotion de l’autonomisation de la gent féminine. Les membres du Comité de pilotage ont examiné l’ensemble des réalisations des femmes mentors, des maris et futurs maris modèles, des groupements féminins, des agents de terrain et autres acteurs. La démarche est hautement appréciée par les organisations de mise en œuvre comme nous confie Patrice Kourouma, responsable suivi- évaluation du consortium “AGIL International-CENAFOD-Maison” : « Cette supervision nous enchante, puisque depuis longtemps, on mène des activités et c’est normal que l’Etat et les partenaires viennent voir ce que nous faisons, voir ce qui marche et identifier ensemble les insuffisances et notre consortium se félicite de la mission et nous nous engageons à prendre en compte toutes les recommandations ».
Dans cette sous-préfecture frontalière, des espaces sûrs sont mis en place. Femmes mariées appelées mentors issues de la communauté et mineures échangent longuement sur des thématiques comme la sexualité, l’importance de la scolarisation. Le tabou se trouvant entre parents et enfants est un lointain souvenir dans cet endroit et aujourd’hui, Sinaba Magassouba, tout juste âgée de seize ans et qui fréquente le lieu depuis deux mois constate des changements chez elle : « J’ai commencé à venir depuis longtemps mais je ne prenais pas au sérieux ce qu’on me disait. Mais au fil du temps, j’ai compris beaucoup de choses. Avant je saluais ma maman difficilement les matins mais grâce aux mentors, mon premier travail les matins est de saluer mes parents. J’ai su que je dois me laver trois fois pendant ma période de menstrues et surtout que seul le travail va m’aider dans le futur. Nous sommes vraiment contentes et je veux que toutes mes amies fassent comme nous, en venant ici ».
Les hommes sont aussi mis à contribution pour sensibiliser leurs pairs. Ils sont appelés des hommes modèles et organisent régulièrement la sensibilisation dans les lieux de regroupement. L’équilibre dans le foyer, la résolution à l’amiable des problèmes sont entre autres sujets soumet au débat Mohamed Lamine Makadji quand il est avec d’autres hommes : « On a démarré cette initiative avec sept personnes. Les gens étaient réticents vis-à-vis de thèmes discutés, mais aujourd’hui, on est bousculé par les demandes d’adhésion. Les gens pensaient que nos causeries étaient une façon d’inviter leurs épouses et enfants à ne pas les respecter, or, cela est contraire à nos messages. Avec le temps, les hommes que nous sensibilisons deviennent moins violents, moins agressifs et règlent les problèmes avec beaucoup de sérénité et de courtoisie ».
Les membres de la mission prennent tout le temps avec les bénéficiaires. Aux questions qu’ils posent, des réponses satisfaisantes sont fournies par les interlocuteurs. Le secrétaire général du ministère du Plan et de la Coopération internationale et sa suite quittent la localité avec une note d’espoir. « On a terminé la mission avec les mamans parce qu’elles sont l’avant- garde. On a dit à nos mamans de s’occuper de l’éducation et de la sexualité de nos filles pour ne pas que d’autres s’en occupent mais à notre désavantage. On finit la visite dans la région de Kankan avec une note de satisfaction et au nom de mes collègues, je voudrais dire merci à la Banque mondiale, l’UNFPA, les autorités à tous les niveaux, les ONG de mise en œuvre, les acteurs terrain et les rassurer que nous allons nous battre pour que la Guinée soit admise à SWEDD Africa qui va couvrir les huit régions naturelles », promet Kabélè Soumah.
Ainsi prend fin la supervision du comité de pilotage dans la région de Kankan et celle de Faranah sera la prochaine destination de l’équipe du secrétaire général du ministère du Plan et de la Coopération internationale. Il faut rappeler que le projet SWEDD est financé par la Banque mondiale.
Michel Yaradouno depuis Siguiri pour ledjely.com