Avec les fortes pluies qui sont tombées sur Conakry et les villes environnantes depuis en particulier le 24 août 2024, la Guinée a enregistré différentes intempéries. Notamment des inondations dans de nombreux quartiers de la capitale, mais surtout ces derniers jours, des inondations sur l’axe Conakry-Kindia, des éboulements sur celui qui mène à Boké et même le pont de Forécariah qui a été brièvement submergé. De toutes ces catastrophes, on a dressé les bilans humains, les dégâts matériels et les chocs psychologiques. Mais qu’en est-il de leurs répercussions sur les prix des denrées exposées sur les étals des marchés à Conakry, dans la mesure où la plupart de ces condiments proviennent des villes de l’intérieur ? C’est la question que la rédaction du Djely s’est posée et un de nos reporters est allé à la quête des réponses.
Gombo, piment et aubergine, entre autres, pour être exposés à Conakry, arrivent de Coyah, Kindia, Mamou, etc. Ce qui fait que quand les axes reliant la capitale guinéenne à ces villes pourvoyeuses sont coupés, cela a nécessairement des conséquences. Des conséquences ressenties tout particulièrement par ceux qui vivent au jour le jour. Binta Barry est une de ceux-là. Son maigre revenu, il le tire de la vente du to au marché de Cosa. Elle se plaint de la hausse brusque du prix du piment qu’elle a constaté dans le sillage des inondations enregistrées avec la montée des eaux au niveau du point de Samaya, sur l’axe Coyah-Kindia. « Je suis allée au marché de Matoto, j’ai trouvé que le prix des condiments a augmenté. Le pot de piment que j’ai l’habitude d’acheter à 20.000 GNF voire même à 15.000 GNF parfois, variait désormais entre 30.000 GNF à 40.000 GNF et même à 50.000 GNF chez quelques-uns », confie-t-elle, en mettant l’accent sur les difficultés qu’elle a de s’en sortir avec cette augmentation.
La hausse du piment, Kadiatou Conté l’a aussi constatée. « Le marché est dur surtout en cette période de grandes pluies, surtout qu’à cela s’ajoutent les routes qui sont bloquées. Vu que nous avons quelques condiments à la maison, avant j’amenais 10.000 GNF ou 15.000 GNF en fonction de la sauce que nous avions choisie de préparer. Mais maintenant, si je n’amène pas 25.000 GNF, je ne peux rien avoir. Tu ne peux même pas avoir le piment à 1.000 GNF ces derniers jours. J’ai dû acheter un tas de 3 piments à 2.000 GNF aujourd’hui », confirme la jeune fille, la vingtaine tout juste.
Quand nous l’avons abordée, Mariama Camara, mère de famille, négociait laborieusement avec une vendeuse d’aubergines. Et son agacement, elle ne le cache pas. « Je suis perdue ! J’ai envoyé 50.000 GNF aujourd’hui, tout est fini. Il ne me reste que 5.000 GNF alors que je dois acheter l’aubergine et la tomate, je ne sais même plus comment faire. Il y a quelques jours, avec seulement 30.000 GNF, j’avais tous mes condiments, mais aujourd’hui, c’est impossible. Nos dirigeants doivent revoir la situation des routes, sinon ce n’est pas bon », suggère-t-elle.
Du côté des vendeuses, on pointe du doigt les grossistes. Aminata Camara, vendeuse d’aubergine et du gombo, tout en déballant ses marchandises dénonce la mauvaise foi de ces grossistes-là. « Depuis que les routes ont été bloquées, les marchandises sont devenues chères. Les grossistes qui avaient les marchandises stockées la veille de l’événement ont doublé voire même triplé le prix au lieu de vendre au prix initial, ils n’ont pas peur de Dieu. Avant, je prenais le sac d’aubergine à 220 000 GNF ou même quelquefois à 200 000 GNF. Mais depuis avant-hier, nous payons 250 000 GNF voire plus. Pour le gombo, avant c’était à 180 000 GNF ou à 170 000 GNF, mais aujourd’hui, j’ai acheté le sac à 200 000 GNF », défend-elle.
À quelques mètres de là, Fatoumata Camara, vendeuse de piment confirme que les prix ont augmenté. « Aujourd’hui le prix du sac varie entre 1 500 000 GNF à 2 000 000 GNF. Alors qu’en début de semaine dernière, on négociait le même sac entre 750 000 et 900 000 GNF. D’ailleurs, avant-hier, je suis sortie, mais je n’ai pas eu de marchandises, j’étais obligée de rentrer me coucher à la maison avec mes enfants », explique-t-elle.
Djenaba Mara