Le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation a annoncé le 3 octobre 2024 l’interdiction de la vente de brochures dans les institutions d’enseignement supérieur (IES), afin de « favoriser l’accès aux ressources pédagogiques via la plateforme PLUDOC » et « encourager l’utilisation des outils numériques ». Les enseignants doivent soumettre leurs supports de cours en ligne avant chaque semestre. Enseignant et étudiants ont des avis mitigés sur cette interdiction.
Désormais, chaque enseignant-chercheur est tenu de soumettre en ligne, avant le début de chaque semestre, son plan de cours, sa brochure ainsi qu’une bibliographie complète. Mais cette décision suscite des réactions mitigées. Mohamed Lamine Kourouma, enseignant-chercheur, la soudaineté de la réforme. « Ce n’est pas le bon moment pour interdire la vente des brochures. Il y a une précipitation dans l’application des textes, il aurait fallu mieux préparer les enseignants et les étudiants. Ils ont demandé tardivement aux enseignants d’envoyer les plans de cours et support sur la plate-forme. Pourtant nous savons qu’en Guinée certains enseignants n’ont même pas d’adresses e-mail », s’agace cet enseignant.
Il poursuit en mettant en exergue une potentielle confusion : « Tous les enseignants n’ont pas les mêmes supports de cours. Si un étudiant télécharge un document d’un autre enseignant, cela pourrait créer de l’incompréhension dans le suivi des cours ».
Du côté des étudiants, l’interdiction est largement saluée. Pour Marie Grovogui, étudiante en licence 2 deSsociologie à l’UGLC de Sonfonia, cette mesure est une avancée : « J’ai l’habitude d’acheter des brochures pour mes cours et à fréquence régulière, puisque chaque professeur exige que les étudiantes paient sa brochure au risque de ne pas faire les évaluations. Donc c’est une très bonne décision. Cela nous évitera de dépenser de l’argent pour acheter des brochures et nous permettra de mieux utiliser notre bourse pour nos besoins essentiels »
Djenab Sangaré, une autre étudiante, y voit même une opportunité pour que les étudiants développent une plus grande autonomie : « L’interdiction va encourager les étudiants à faire des recherches par eux-mêmes et à ne pas se reposer sur des documents tout faits. C’est aussi une manière de nous responsabiliser ».
Pour soutenir cette réforme, le ministère a également revalorisé la prime de documentation des enseignants titulaires de cours, la faisant passer de 750 000 à 3 000 000 GNF. Cette revalorisation vise à compenser le coût de la production et de la mise à disposition des supports pédagogiques numériques.
M’Mah Cissé