Au Ghana, la Commission électorale a confirmé ce lundi 9 décembre, la victoire de l’ancien président John Dramani Mahama, à l’issue de l’élection du samedi dernier. Il récolte 56 % des voix au terme d’un scrutin qui a mobilisé près 61 % des électeurs. Un taux de participation qui, même s’il est de 20 points en deçà de celui de la dernière présidentielle, demeure néanmoins suffisamment honorable. Pour sa première sortie publique après la reconnaissance officielle de sa victoire, le président élu du Ghana a indiqué s’être accordé avec son prédécesseur, en vue d’une transition fluide. La page de l’élection est donc tournée. En quarante-huit heures chrono, tout est fini. Aucune violence, aucune contestation. Un perdant qui reconnait sa défaite, le vainqueur qui reste humble face aux défis qui attendent. Et une démocratie qui s’enracine un peu plus au cœur du continent africain.
Après le Sénégal en mars dernier, le Ghana, avec cette nouvelle alternance, entretient un peu plus l’espoir démocratique dans cette région ouest-africaine en proie au doute et à l’incertitude. Alors qu’en Guinée, au Mali, au Burkina Faso et au Niger, on peine à sortir de la transition militaire, le retour au pouvoir de John Dramani Mahama nous rappelle au moins que la voie des urnes demeure encore une solution et qu’au Ghana, les populations y croient encore. C’est d’autant plus rassurant que dans la confusion ambiante, certains s’étaient empressés de célébrer le deuil de la démocratie électorale, au motif que celle-ci ne serait pas adaptée au contexte africain. Eh bien, le Ghana et les Ghanéens nous disent qu’il n’en est rien.
Bien sûr, le pays est en proie à sa pire crise économique de son histoire. Les prix y flambent depuis des mois et le chômage bat son plein. Mais les Ghanéens ont tenu à attendre que le président Nana Akufo Ado aille au terme de son ultime mandat. Dans le calme et la discipline, ils sont allés au vote pour élire son successeur. Et au terme du scrutin, les institutions ayant joué leur rôle, personne n’avait aucun motif de contestation des résultats. D’autant que le perdant avait lui-même admis sa défaite. C’est ainsi qu’élection après élection, le pays progresse. Certes, cela ne fait pas subitement du Ghana un eldorado où chaque citoyen roulerait sur de l’or. Mais cela marche, parce que le pays évite de se retrouver tous les quatre ans au cœur de convulsions politiques faisant de lui la risée du monde. Et aucun quidam ne sort subitement de nulle part pour s’autoproclamer le messie sur fond de populisme et de démagogie.
Au Ghana, tout le monde a compris et admis quelque chose il y a longtemps : le développement est un processus collectif. C’est à chacun de mettre du sien. Et un des moyens offerts au citoyen pour qu’il y participe, ce sont les élections qui lui permettent de choisir ceux qui dirigent le pays. L’occasion pour lui de sanctionner les moins méritants et de récompenser ceux qui auront été à la hauteur. Exercice simple en apparence. Mais puisqu’il est accompli avec responsabilité, c’est bien lui qui, au fil des ans, a fini par conférer au pays de Jerry Rawlings cette belle réputation que le dernier scrutin n’aura fait que conforter.
Boubacar Sanso Barry