Il n’y a pas que Mayotte qui pâtit du cyclone Chido. Après le 101ème département français le samedi, le dimanche il touchait en particulier la partie septentrionale du Mozambique. Accompagné de rafales de vent dépassant 250 km/heure, il a entrainé des pertes en vie humaine, provoqué des centaines de blessés et fait des milliers de sinistrés dont des femmes et des enfants. Un triste bilan qui sonne comme un brutal rappel des défis auxquels l’Afrique sera de plus en plus confrontée, en matière de changement climatique. Vu que des catastrophes comme celle-ci, on en aura de plus en plus fréquemment, les unes plus intenses que les autres. D’où l’impérieuse pour les leaders du continent de se débarrasser de leurs œillères, pour faire face au phénomène du changement climatique avec responsabilité.
Comme si elle était maudite, c’est la région de Cabo Delgado, déjà en proie à un conflit et à une épidémie de choléra, que les vents violents et les averses ont ciblé le dimanche. Le cyclone y a fait, outre 28 victimes, quelques 35 000 maisons détruites et plus de 90 000 enfants affectés. Outre les habitations, près de 200 salles de classe et une vingtaine de structures sanitaires ont également été touchées. Affectant par ailleurs les provinces de Nampula et de Niassa, Chido laisse derrière lui des milliers de Mozambicains privés d’électricité et d’eau, avec des risques évidents d’émergence de maladies hydriques dans ces zones pauvres et difficiles d’accès.
Mais à la différence de Mayotte, objet de toutes les attentions des autorités et des médias français, le Mozambique, lui, pratiquement personne n’en parle. Accueillie avec un certain fatalisme, la catastrophe est même reléguée au second plan par la crise post-électorale, qui a éclaté en octobre avec la contestation de l’élection de Daniel Chapo par Venancio Mondlane. Même si ce dernier a annoncé une pause de quelques jours pour rendre hommage aux victimes de l’ouragan. Aucune communication non plus de la part des instances sous-régionale et panafricaine. Ce sont plutôt des organismes humanitaires dont l’Unicef qui se mobilisent pour attirer l’attention du monde sur ce qui s’y passe et sur les risques sanitaires qui pourraient en résulter. Une indifférence qui n’est pas sans rappeler le peu de mobilisation de nos Etats pour faire face aux problématiques se rapportant au changement climatique.
En effet, alors que des catastrophes comme Chido, aujourd’hui, et Freddy en 2023, nous rappellent l’urgence de la mobilisation, force est de constater que les Etats africains trainent les pas face au dérèglement climatique. Très souvent, c’est la société civile africaine qui est sur ce front. Les Etats, eux, s’impliquent davantage quand il est question de réclamer des pays développés, des ressources pour l’adaptation ou la compensation. Mais on les voit très rarement quand il s’agit de bâtir des stratégies locales et autonomes pour prévenir et limiter les risques de survenue de ces catastrophes majeures. En particulier, ils sont totalement invisibles sur le terrain de la sensibilisation des populations et des communautés locales en vue de l’adoption de comportements qui limitent les risques.
Boubacar Sanso Barry