L’explosion du dépôt de carburant de Coronthie, survenue il y a un an à Conakry, a laissé des séquelles indélébiles. Ce drame a coûté la vie à une vingtaine de personnes et en a blessé plus de deux cents. Près d’un an après les faits, les milliers de sinistrés attendent toujours de connaître les causes de cette catastrophe, mais les enquêtes patinent.
L’explosion du principal dépôt de carburant de Kaloum continue de hanter les esprits un an après les faits.
Selon le président du comité des sinistrés de Kaloum, ce drame est une plaie béante face à laquelle l’État fait preuve d’indifférence choquante.
« En réalité, l’État a même évoqué un présumé incendie criminel, une thèse que nous soutenons. Alors, pourquoi n’y a-t-il pas d’enquête ? Nous attendons les résultats de l’enquête. Et pire, nos parents n’ont pas reçu les condoléances. Nous n’avons pas reçu de délégation ici pour venir réconforter les populations, que ce soit à la mosquée ou dans le quartier. Pourtant, il s’agit du plus grave incendie de notre pays, qui, jusqu’à maintenant, est resté sans suite parce que nous ne sommes pas situés sur les responsabilités des présumés coupables », déplore Mamoudou Cifoké Touré.
La gestion opaque des indemnisations et des dons couplée à une enquête qui tarde à fournir les premières réponses, sont indéniablement là comme ce qui reste gravé dans les mémoires des sinistrés. Bref, ils soulignent l’indifférence de l’État guinéen.
« Toutes les fois que nous avons réclamé nos droits, nous avons reçu des gaz lacrymogènes jusque dans nos concessions. Ce qui fait qu’il y a des handicapés à vie ici. Et tout cela est resté sans suite parce qu’il n’y a pas eu d’enquête. Quant à l’indemnisation qui devait se faire en fonction des dommages subis, c’est l’État qui donne l’argent à qui il veut, comme il veut et quand il veut, sans même faire le point de la situation. Même quand il s’agit de la restitution des dons, mais on doit faire le point, savoir ce qui a été mobilisé en faveur des sinistrés. Mais tout se gère dans une opacité sans pareil, parce qu’il n’y a pas eu de compte rendu, nous ne savons pas qui nous a offert quoi », explique-t-il. Tout en soupçonnant l’État de manœuvres de nature à transformer l’histoire de Coronthie en initiant des contrats de bail-partage avec des interlocuteurs qui n’ont aucun lien avec le drame.
« Nous soupçonnons déjà une volonté d’effacer l’histoire, une volonté même de spoliation de nos biens, parce que l’État même fabrique ses propres interlocuteurs en disant qu’il s’agit des victimes. Quelqu’un ne peut pas décider à notre place, surtout d’un bail-partage qu’on veut nous imposer, dont nous ne connaissons même pas le contenu. Nous ne connaissons ni le projet, ni encore plus loin le plan. En lieu et place d’une proposition, on veut nous exiger. Nous disons non, nous ne sommes pas favorables au bail-partage, parce qu’on ne peut pas vous donner l’argent pour notre dédommagement, et vouloir nous donner ça pour dire non, il faut libérer ces concessions. Nous n’accepterons pas », mentionne-t-il.
Des prières et des bénédictions ont marqué cette commémoration du drame de l’explosion du dépôt des hydrocarbures de Coronthie.
JRI de l’Ombre