Le Mouvement populaire démocratique de Guinée (MPDG) n’entend pas se joindre aux journées de concertation nationale sur la prolongation de la transition prévues les 27 et 28 décembre 2024 au palais du peuple. Dans une lettre adressée au président de l’Union Sacrée des Forces Vives, Siaka Barry, président du parti, a justifié cette décision par un profond désaccord avec la conduite du processus de transition.
Le parti, qui avait initialement participé aux premières initiatives de dialogue, estime que ses efforts ont été « payés par un mépris incompréhensible et inopportun » de la part du CNRD. Selon Siaka Barry, les autorités de la transition ont « foulé au pied » les résolutions issues de ces précédentes concertations. Il en résulte que « notre parti, le MPDG, n’est ni demandeur, ni preneur d’un quelconque dialogue, encore moins d’une quelconque concertation, fût-elle formelle ou informelle », peut-on lire dans le courrier-réponse adressé à l’Union sacrée.
Rappelant, que lors de sa participation aux premières initiatives de dialogue et de concertation entre 2023-2024, le MPDG a voulu manifester « sa bonne foi et sa volonté inébranlable » de participer à la « réussite » d’une transition qu’il « espérait paisible », « consensuelle » et « inclusive ».
« Après deux années d’atermoiements et d’enlisement, le CNRD et son gouvernement payeront la bonne foi des acteurs politiques par un mépris incompréhensible et inopportun. Ainsi, au-delà d’entreprendre des actions solitaires et unilatérales préjudiciables à notre cohésion, les autorités de la transition fouleront aux pieds l’ensemble des 35 résolutions laborieusement obtenues de ce long dialogue, au grand dam des participants, des facilitatrices et des observateurs nationaux et internationaux », écrit l’ancien ministre de la Culture.
Evoquant en outre une « remise en cause des pactes fondamentaux de la transition (ayant généré une) crise de confiance majeure », le parti conditionne désormais toute participation à de nouvelles concertations à la présence de médiateurs internationaux crédibles capables de garantir l’application des accords. « Au MPDG, nous nous désolidarisons désormais de toute initiative de concertation ou de dialogue autour de la transition, portée par le gouvernement ou par toute autre entité nationale, tant que nous n’aurons pas des gages sérieux et tangibles venant de médiateurs nationaux et internationaux crédibles et dignes de foi, qui se porteront garants de l’application des éventuelles résolutions pour une finalisation rapide du processus de transition, dans une démarche consensuelle et inclusive », martèle Siaka Barry
À préciser que cette décision du MPDG intervient dans un contexte de tensions persistantes entre le pouvoir en place et une partie de la classe politique, qui accuse le CNRD de vouloir prolonger indéfiniment la durée de la transition.
Cette sortie illustre un peu plus la dégradation du climat de confiance entre les autorités et les acteurs politiques du pays. Il faut dire que précédemment c’est Dr. Faya Millimono, leader du Bloc libéral (BL) qui dénonçait, lui aussi, la conduite de la Transition. Or, Siaka Barry et Faya Millimono passaient, tous deux, pour des acteurs modérés dans la critique de la gestion de cette transition.
JRI de l’ombre