Le procès d’Aliou Bah, président du Mouvement démocratique libéral (Model), s’est poursuivi ce jeudi devant le tribunal de première instance de Kaloum. Accusé d’offense et de diffamation contre le chef de l’État, le leader politique a vu son dossier mis en délibéré. Le verdict est attendu pour le 7 janvier 2025.
Au terme des plaidoiries, maître Pépé Antoine Lamah, l’un des avocats de la défense, s’est montré confiant quant à l’issue du procès. « Nous sortons de cette audience profondément satisfaits au regard de la légèreté par laquelle le ministère public a requis deux ans d’emprisonnement contre M. Mamadou Aliou Bah », a-t-il déclaré.
Pour la défense, le parquet s’est appuyé sur des suppositions et des déductions pour construire son dossier. L’avocat a dénoncé une tentative d’intimidation visant à faire taire les voix critiques. « Ce parquet nous a enseigné ici, à travers ses réquisitions, qu’un leader politique, qu’un citoyen n’a pas le droit de critiquer un régime et n’a pas le droit de critiquer la gestion d’un pouvoir », souligne-t-il.
Selon lui, Aliou Bah n’a jamais tenu de propos injurieux ou offensants à l’encontre du chef de l’État. Il a simplement interpellé les autorités sur leur responsabilité en matière de sécurité face à la recrudescence des disparitions forcées et des kidnappings dans le pays. « L’État a une obligation de sécuriser les citoyens et leurs biens », a-t-il martelé. « La première personne à qui on doit demander des comptes, c’est bien naturellement l’État », rappelle-t-il.
Dans une révélation marquante, la défense a souligné que le nom du chef de l’État, initialement cité dans le dossier, a été retiré lors de l’audience. Pour maître Pépé Antoine Lamah, cette décision traduit un recul du parquet et prouve que l’affaire est davantage liée à des règlements de comptes qu’à une véritable infraction. « Le chef de l’État ne se reconnaît pas dans cette procédure. Ce sont certainement d’autres personnes qui veulent régler des comptes à M. Mamadou Aliou Bah », dit-il.
Malgré la pression judiciaire, l’avocat a salué la détermination de son client à rester fidèle à ses convictions et à défendre les valeurs démocratiques. « Vous avez écouté l’homme, toujours fidèle à ses convictions, décontracté, qui a renouvelé devant le tribunal sa fidélité à l’État de droit ».
Le report du verdict au 7 janvier 2025 ne semble pas avoir inquiété la défense, qui espère que le tribunal dira « le droit, rien que le droit » et prononce une relaxe pure et simple.
Thierno Amadou Diallo