Condamné à vingt ans de prison pour son rôle dans les massacres du stade du 28 septembre 2009, le capitaine Moussa Dadis Camara, ancien président de la transition, a retrouvé sa liberté. Cette libération suscite des réactions variées, tant sur le plan politique que social. Pour certains observateurs, cette grâce accordée au capitaine Camara serait une stratégie de l’actuel dirigeant pour consolider son pouvoir et obtenir le soutien de la Guinée forestière, dont l’ancien président de la transition est originaire. Un avis que ne partage pas le président des coordinations de la forêt de Kankan.
Julien Tamba Kamano, septuagénaire, nous reçoit avec un large sourire dans son domicile du quartier Morioulén. Depuis la veille, il a multiplié les appels avec ses frères de la forêt pour discuter de cette grâce présidentielle. À ses yeux, cet acte du général Mamadi Doumbouya n’a rien de surprenant. « Ce n’est pas une surprise, car celui qui cherche à comprendre l’esprit du général Mamadi Doumbouya, en ce qui concerne l’unité de tous les fils du pays, sait qu’il s’inscrit dans cette logique. C’est dans ce cadre qu’il a pris cette décision. Cette grâce est un signe de satisfaction pour tous les fils forestiers résidant dans la région de Kankan », a indiqué notre interlocuteur.
À l’instar des responsables de la coordination nationale de la forêt, qui souhaitent rencontrer le président Doumbouya pour lui exprimer leur gratitude, Julien Kamano et son équipe ont également prévu, dans les jours à venir, de se rendre chez le gouverneur pour lui transmettre un message de remerciements. « Nous remercions le président pour son initiative en faveur de l’unité nationale. Nous sommes très heureux à Kankan, Siguiri, Mandiana, Kouroussa et Kérouané. Nous sommes honorés, et je profite de cette occasion pour demander au gouverneur de transmettre nos remerciements au président pour cette grâce. Nous prions le Tout-Puissant pour qu’il accorde sa bénédiction au président et à tout le CNRD. Le président a prouvé à la forêt qu’il est un homme pour tout le peuple de Guinée », a déclaré le doyen.
Quant à savoir si cette libération est sincère ou motivée par des considérations politiques, notre interlocuteur préfère ne pas entrer dans ce débat. À ses yeux, les Guinéens devraient plutôt saisir de tels moments pour promouvoir la paix et le vivre-ensemble.
Michel Yaradouno, depuis Kankan