Un déguerpissement de personnes installées sur les abords de la grande mosquée Fayçal de Conakry a tourné à l’affrontement, ce jeudi 3 avril 2025, entre les forces de l’ordre et un groupe de personnes en situation de handicap. Ces dernières, selon leurs dires, ont été évacuées sur instructions des autorités locales.
Cet incident s’inscrit dans une série d’opérations de déguerpissement menées par la police, soutenue par la garde communale de Dixinn. Toutefois, celui de ce jour-là a pris une tournure particulièrement violente. La situation a dégénéré lorsque les policiers ont tenté de saisir les fauteuils roulants des personnes handicapées, les chargeant dans leurs pick-up, tout en leur ordonnant de libérer les lieux. La tension est montée d’un cran lorsque les forces de l’ordre ont utilisé la force pour expulser ces personnes vulnérables.
Les victimes ont dénoncé des actes de vol et de vandalisme. Elles accusent la police d’avoir emporté leurs biens – argent, vivres et vêtements – dont certains avaient été donnés à l’occasion des sacrifices du mois de Ramadan et de la fête de l’Aïd El-Fitr.
Une femme, visiblement désemparée, a déclaré : « C’est Mme M’mawah Sylla (la gouverneure de Conakry) qui a donné l’ordre de nous dégager. Les policiers ont volé beaucoup de nos affaires : argent, riz, habits offerts pendant les sacrifices de Ramadan et de l’Aïd El-Fitr. Il ne nous reste plus rien, ils ont tout pris et vandalisé nos affaires. Nous n’avons nulle part où aller. Aujourd’hui, il ne nous reste plus rien. Alors, nous disons ici, devant le monde entier, que c’est Mme M’mawah Sylla qui a fait ça… »
Pour une autre femme, le gouvernement semble ne montrer aucune compassion envers les personnes dans leur situation. « Le gouvernement nous avait déjà déguerpis d’ici. Maintenant, ils veulent encore nous chasser. Ils n’ont aucune pitié pour nous ! Nous n’avons nulle part où aller. Si vous nous voyez quémander, c’est parce que nous n’avons rien. Mais nous savons que c’est le président Mamadi Doumbouya qui a envoyé les forces de l’ordre pour nous frapper et nous chasser. Où allons-nous ? Sommes-nous les maudits du pays ? Continuez à venir nous frapper. Que Dieu vous rende ce que vous nous faites subir », dénoncent-ils
Finalement, les forces de l’ordre ont réussi à reprendre le contrôle de la zone.
Balla Yombouno