Après plus de dix heures d’audience, le procès criminel de Bangaly Traoré, tenu ce 8 avril 2025 au tribunal de première instance de Kankan (délocalisé à la Cour d’appel), a livré son verdict. Le président du tribunal a largement suivi les réquisitions du procureur de la République, Marwane Baldé, ainsi que les plaidoiries des avocats des parties civiles.
La journée fut longue, tendue et chargée d’émotions. Mais elle a connu son épilogue. Bangaly Traoré, reconnu coupable de l’assassinat de dame Adama Konaté, survenu le 20 mars dernier, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, avec une période de sûreté de 30 ans. Il est également condamné au paiement de trois milliards de francs guinéens aux héritiers de la victime, au titre de dommages et intérêts.
À l’annonce du verdict, le condamné n’a laissé transparaître aucune émotion, comme s’il s’y attendait. Du côté du public, composé de parents de la victime, de responsables locaux, d’activistes de la société civile et de nombreux citoyens venus assister à cette affaire très médiatisée, les réactions étaient partagées entre soulagement, douleur et résignation.
Pour plusieurs observateurs, ce procès marque un tournant dans la lutte contre les violences faites aux femmes en Guinée. « Ce verdict est un signal fort. Il rappelle que la justice peut être rendue, même dans les cas les plus tragiques », a commenté un militant des droits humains présent sur les lieux.
En toile de fond, le parquet a tenu à rappeler que Bangaly Traoré n’en était pas à son premier acte de violence. Son passé judiciaire révélait déjà des faits similaires à l’endroit de femmes, ce qui a renforcé la sévérité de la sentence.
La phase des réquisitions et plaidoiries, entamée plus tôt dans la journée, avait été marquée par un plaidoyer énergique du procureur Marwane Baldé : « Son antécédent judiciaire est teinté de violences contre des femmes. En matière de flagrance, avec des preuves irréfutables, la loi doit être appliquée dans toute sa rigueur. La dignité de la femme a été bafouée. Ce crime a profondément choqué la conscience nationale ».
L’affaire a suscité une onde de choc dans la région de Kankan et bien au-delà. Si la justice vient de trancher, le deuil, lui, reste profond dans la famille d’Adama Konaté, brutalement arrachée à la vie.
Michel Yaradouno, depuis Kankan