Le 25 mars dernier, Bountouraby Maïga, plus connue sous le nom d’Oumou, mère de cinq enfants et enceinte de six mois et demi, a tragiquement perdu la vie, battue à mort par son mari, Ansoumane Yattara, à la suite d’une violente dispute. Depuis ce drame, sa famille réclame la restitution de son corps afin de lui offrir des funérailles dignes. Mais une barrière majeure se dresse : les frais exigés pour l’autopsie s’élèvent à 3 500 000 francs guinéens, une somme que la famille n’a pas les moyens de réunir.
Interrogée ce mardi 8 avril 2025, Hawa Maïga, sœur de la défunte, s’indigne : « Nous avons entrepris de nombreuses démarches pour récupérer le corps de ma sœur, mais en vain. À la morgue de l’hôpital Ignace Deen, on nous a informés que l’autopsie était obligatoire. Le médecin légiste nous a indiqué qu’elle coûterait 3 500 000 GNF. Ni la famille du mari de ma sœur ni nous ne pouvons payer cette somme. Et même si nous parvenions à la réunir, il faudrait encore l’accord du procureur pour que le corps nous soit remis ».
La famille, selon elle, a déjà adressé une demande officielle au procureur du tribunal de Kaloum. « On nous a simplement demandé de patienter, en nous assurant que la situation allait être prise en main. Mais à ce jour, aucune suite concrète n’a été donnée. Seul Mohamed, un membre de la belle-famille de ma sœur, nous soutient dans les démarches. Le reste de la famille du mari reste totalement absent », déplore-t-elle.
Hawa Maïga ajoute qu’une délégation ministérielle, dont elle ne connaît pas les membres, s’est rendue sur place pour s’informer des circonstances du décès et de l’état d’avancement des préparatifs pour l’enterrement. « J’ai été très claire : ma sœur n’est toujours pas enterrée. Ils m’ont promis qu’une solution serait trouvée d’ici jeudi. Nous attendons, en espérant que le corps nous sera restitué. Nous implorons l’aide du gouvernement afin que nous puissions lui offrir une sépulture digne. Son mari a d’ores et déjà été déféré à la maison centrale », indique-t-elle.
Au-delà du deuil, la famille doit également faire face à une réalité encore plus cruelle : les enfants laissés derrière. Depuis le décès de leur mère, ils sont totalement délaissés par la famille paternelle.
« Aucun membre de la famille du mari n’est venu depuis la mort de ma sœur. Aucun franc n’a été versé pour les enfants. C’est nous qui assumons tout. Ma mère, qui s’occupe désormais d’eux, est malade et démunie. Elle ne peut pas subvenir à leurs besoins », déplore Hawa.
Face à cette situation dramatique, Djenabou Keira, la mère de la victime, lance un appel déchirant à toutes les personnes de bonne volonté, ainsi qu’au gouvernement, pour venir en aide aux enfants orphelins.
« Le plus petit a deux ans. Il est difficile de lui trouver du lait ou du Cérélac. Les autres rentrent de l’école, affamés, et me demandent à manger. Je leur dis de patienter, même si je n’ai rien à leur offrir. Ce matin, l’un des enfants m’a demandé où était sa mère. Je lui ai répondu qu’elle était partie en haute banlieue, qu’elle reviendrait bientôt… C’est pour cela que je supplie l’État et le président Mamadi Doumbouya de nous aider », conclut-elle, en larmes.
Pour l’heure, du côté de l’hôpital Ignace Deen, nos tentatives pour avoir une explication sur le dossier n’ont pas abouti.
Balla Yombouno