Le procès en appel du leader du MoDeL, Aliou Bah, poursuivi pour diffamation et offense au chef de l’État, a repris ce mardi 22 avril à la Cour d’appel de Conakry, dans la commune de Kaloum. Moment fort de l’audience : le représentant du parquet général a requis cinq ans de réclusion ferme, soit une peine nettement plus lourde que celle prononcée en première instance, jugée alors « excessivement dérisoire » par l’accusation.
Dans son réquisitoire, le procureur a soutenu que la gravité supposée des propos d’Aliou Bah justifie l’application de la loi spéciale de 2015, qui prévoit jusqu’à cinq ans de prison dans les cas d’offense au chef de l’État. Pour le ministère public, la coexistence de plusieurs infractions — diffamation, outrage et atteinte à l’honneur — impose d’appliquer la peine la plus sévère.
Me Almamy Samory Traoré, avocat de la défense, s’est dit « déçu et très étonné » : « Le procureur s’appuie sur la loi spéciale alors qu’elle n’est applicable que si elle est plus favorable au prévenu, ce qui n’est pas le cas. Les dispositions du Code pénal de 2010 sont claires ». Il rappelle qu’Aliou Bah n’a jamais cité le nom du chef de l’État ni tenu de propos diffamatoires. « Il a utilisé des termes généraux pour dénoncer des cas de kidnapping et de répression ; aucun élément ne prouve qu’il visait directement le président », dit-il.
L’avocat a également élargi son argumentaire à la conjoncture électorale. « À l’approche des scrutins, les leaders politiques doivent pouvoir critiquer l’action gouvernementale. Les juges ont le devoir de protéger cette liberté, pas de la restreindre », soutient-il. Il exhorte enfin la magistrature à s’affranchir des pressions : « Nous ne voulons plus d’une justice instrumentalisée ; nous voulons une vraie justice, qui reflète la volonté du peuple ».
Pour l’heure, les plaidoiries suivent toujours leur cours.
Thierno Amadou Diallo