Chaque jour, de nombreuses femmes bravent les difficultés pour se rendre au marché de la cité Enco 5, à la recherche de quoi subvenir aux besoins de leur famille. Sacs en main, foulards sur la tête, elles sont des dizaines à affronter la circulation et parfois l’obscurité, animées par un seul objectif : gagner leur pain quotidien. Dans cette foule dense, les hommes sont rares, presque comptables sur les doigts d’une main.
Makhissa Camara est étalagiste, vendeuse d’articles sur la transversale 4 qui longe le marché. Elle est célibataire et mère de trois enfants, tous scolarisés. Pour elle, vendre est une nécessité : « Je ne connais aucune autre façon de gagner de l’argent à part la revente. Mes enfants vivent avec moi, je suis chargée de prendre soin d’eux. Et pour cela, qu’il pleuve ou qu’il fasse chaud, je dois être là tous les jours. Avec la saison des pluies qui arrive, ça sera encore plus difficile, car nous n’avons pas de toit pour nous abriter ».
Les étalagistes, installées sur les accotements des routes, s’exposent chaque jour à des dangers. Les camions, taxis et motos du trajet Lambanyi–Sangoyah circulent à vive allure sans toujours prêter attention à leur présence.
Aïcha Conté, également vendeuse sur le bord de la route, n’est pas à l’abri des dangers de la route. Pour subvenir à ses besoins, elle est obligée de braver tous ces dangers. Elle témoigne : « Ici, seul Dieu nous protège. Les poids lourds passent à toute vitesse. C’est risqué, mais on n’a pas le choix ».
Les vendeuses ambulantes, qui écoulent des produits de première nécessité comme de l’eau ou du piment, se sentent particulièrement étouffées par les taxes imposées. Pour ces femmes, dont les bénéfices quotidiens dépassent rarement quelques milliers de francs guinéens, chaque franc compte.
Mamaïssata Soumah, vendeuse d’eau, est confrontée à des difficultés liées au paiement des taxes qui deviennent du jour au lendemain insupportables à ses yeux. Elle se confie : « Un paquet d’eau me rapporte à peine 4000 FG, et encore, ce n’est pas tous les jours que je le vends. Si on nous oblige à payer 1000 ou 2000 FG de taxe, autant rester à la maison ».
À l’intérieur du marché, d’autres femmes tiennent des boutiques. Elles semblent un peu plus protégées des aléas climatiques, mais cela ne signifie pas pour autant qu’elles ne rencontrent pas de problèmes.
« Je ne dirais pas que nous souffrons trop, car nous sommes à l’abri de la pluie et du soleil. Mais celles qui vendent dehors empêchent souvent les clients de venir jusqu’à nous. Parfois, c’est seulement quand elles n’ont plus de marchandises que les acheteurs nous rejoignent », explique Marliatou Diallo, commerçante.
Du matin au soir, ces femmes se battent pour joindre les deux bouts. Beaucoup lancent un cri de détresse aux autorités locales : elles demandent l’agrandissement du marché ainsi que la baisse des prix des denrées de première nécessité, dans l’espoir de vivre et non seulement de survivre.
Abdourahamane Barry, stagiaire