Le 8 avril dernier, une décision tombée du sommet de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) a fait l’effet d’un coup de tonnerre. Samuel Kourouma, figure militante du parti, a été exclu du Conseil politique, une instance stratégique de la formation dirigée par Cellou Dalein Diallo. En cause : sa participation à la rédaction d’un mémorandum controversé, émanant des secrétaires fédéraux de la Haute Guinée et de la Guinée forestière.
Dans une lettre réponse adressée directement au président du parti, Samuel Kourouma conteste vigoureusement cette mesure, qu’il qualifie d’« injustifiée », allant à l’encontre des valeurs fondamentales du parti. « Cette décision porte atteinte à la liberté d’expression et à la transparence dans les processus décisionnels de l’UFDG », écrit-il dans un ton ferme mais respectueux.
Dans sa lettre, M. Kourouma rejette l’idée selon laquelle sa nomination au Conseil politique aurait été exceptionnelle. Il évoque une reconnaissance méritée, justifiée par son parcours militant et ses expériences politiques. « Consultez votre propre courrier du 14 juin 2021, où il est clairement indiqué que ma nomination n’était nullement une faveur », rétorque-t-il à Cellou Dalein.
S’agissant de sa participation au mémorandum, l’ancien membre du Conseil politique affirme que celle-ci relevait d’une démarche constructive. « Je n’ai fait qu’exprimer, en tant que militant, un point de vue visant à enrichir le débat démocratique au sein du parti. Il ne s’agissait nullement d’un acte de rébellion ou de sabotage », défend-il.
Il précise également que son déplacement en région forestière était d’ordre familial et que la fuite du mémorandum, supposé rester confidentiel, ne devrait pas être utilisée comme motif d’exclusion. Pour lui, cette réaction traduit un malaise plus profond au sein du parti quant à la gestion de la pluralité des opinions.
Dans un appel au dialogue, Samuel Kourouma invite le président du parti à revenir sur sa décision. « Je sollicite une révision de cette sanction et reste ouvert à toute discussion permettant d’éclaircir cette situation dans un esprit de respect mutuel », conclut-il.
Rappelons que le mémorandum à l’origine de cette crise interne contenait des propositions audacieuses : les secrétaires fédéraux de la Haute Guinée et de la Guinée forestière y appelaient Cellou Dalein Diallo à passer le flambeau, tout en lui proposant un rôle de conseiller. Ils réclamaient également le retour dans le parti de plusieurs figures exclues, dont Ousmane Gaoual Diallo. Des suggestions jugées provocatrices par certains cadres du parti, mais qui traduisent aussi un besoin de renouvellement exprimé par la base.
Foromo Fazy Béavogui, depuis N’Zérékoré