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Mauritanie : un verdict pour l’exemple

Pour l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, la descente aux enfers se poursuit. Condamné en première instance à 5 ans de prison, sa peine a été alourdie ce mercredi 14 mai à 15 ans, à l’issue de son procès en appel. Une peine pourtant justifiée, puisque les juges sont parvenus à établir sa culpabilité, notamment pour enrichissement illicite. Le prétexte d’un acharnement politique ne saurait donc prospérer. Certes, certains pourraient objecter que les faits pour lesquels Abdel Aziz a été condamné sont monnaie courante sous nos tropiques. Soit ! Dans ce cas, il faut envisager ce verdict comme une première, susceptible d’inspirer d’autres pays. Car autrement, on risquerait de légitimer des pratiques de prédation qui expliquent en grande partie la misère et le retard chronique de nos Etats.

Les autorités et la justice mauritaniennes méritent qu’on leur tire le chapeau. La décision de poursuivre un ancien président et de le condamner pour corruption et enrichissement illicite relève d’un courage certain. Surtout en cette époque où le principe de l’alternance au sommet de nos États est de plus en plus mis à mal. Etant donné que Mohamed Ould Abdel Aziz avait librement consenti à quitter le pouvoir, certains pourraient estimer que ses ennuis actuels relèvent à la fois de l’injustice et d’un mauvais signal envoyé aux partisans du pouvoir à vie dans leurs pays respectifs. D’autant que, traditionnellement, on est peu enclin à revisiter la gestion de nos anciens dirigeants. D’ailleurs, une certaine conception sociale tolère, sans trop s’en offusquer, le train de vie opulent d’un ancien chef d’État. De là à penser qu’il est implicitement admis que nos chefs puisent dans les caisses publiques, il n’y a qu’un pas.

Mais justement, le mérite de ce procès réside dans le fait qu’il va à contre-courant d’une culture de la complaisance qui confine nos sociétés dans une forme d’exception minimaliste. Qu’un président respecte la limitation de mandats, c’est certes louable. Mais cela ne devrait en aucun cas lui valoir une immunité automatique. Surtout si cet ancien président-là se révèle incapable de justifier sa fortune subite d’une valeur de 67 millions d’euros. Pire, en première instance, Mohamed Ould Abdel Aziz avait déjà reconnu à minima avoir réceptionné de la part de l’actuel président mauritanien, deux valises dont l’une avec 5 millions d’euros et l’autre, contenant autant de millions en dollars. Un tel ancien président, avouons-le, n’est pas forcement un saint. Même à supposer que les faits soient authentiques, un tel aveu n’aura fait que l’enfoncer.

Par ailleurs, si nous nous obstinons à trouver des excuses à ceux qui s’approprient nos ressources communes, nous ne devons pas nous étonner de rester encore à la traîne. En cela, la Mauritanie montre la voie à suivre. Car de notre capacité à imposer la gestion vertueuse et équitable de nos ressources dépendra notre développement. Aucun chantage ne devrait nous détourner de cette exigence. En faisant preuve de rigueur et de détermination, nous instaurerons, à terme, une culture de responsabilité chez nos dirigeants. Ce ne sont pas nos chefs d’Etat qui sont naturellement corrompus, c’est nous qui les laissons faire. Ce ne sont pas eux qui transgressent les lois, c’est nous qui acceptons qu’ils les contournent. Il s’en suite que vraie rupture commence par le refus de la résignation et le choix du sursaut.

Finalement, du procès de Mohamed Ould Abdel Aziz, on devrait moins s’appesantir sur la sévérité de la peine. C’est la leçon dont il est porteur que nous devrons davantage retenir. A savoir que nul ne devrait être au-dessus des lois, pas même ceux qui les ont jadis incarnées. C’est à ce prix seulement, que nos démocraties cesseront d’être de simples façades pour devenir de véritables instruments de justice et de progrès. Mais c’est à nous, citoyens, d’impulser la dynamique en faisant preuve de rigueur et d’exigence à l’égard des dirigeants que nous nous choisissons.

Boubacar Sanso Barry

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