La Guinée vient de faire un grand ménage dans son secteur minier. Par une série de décrets publiés entre le 9 et le 14 mai 2025, les autorités de la transition ont procédé au retrait pur et simple de plusieurs permis d’exploitation et de recherche, concernant des ressources aussi vitales que la bauxite, l’or, le fer, le diamant, le graphite, voire le sable noir.
Dans un arrêté signé par le ministre Bouna Sylla, lu par le ministre secrétaire général de la présidence de la République, ce mardi 20 mai 2025, les autorités justifient cette décision par la volonté de classer ces zones comme réserves stratégiques, conformément à l’article 5 du Code minier. Ce classement signifie que l’État reprend le contrôle total de ces zones, excluant pour l’instant toute activité privée.
«les permis de recherche relatifs à la bauxite, au fer, à l’or, au diamant, aux métaux de base, aux pierres gemmes, au sable noir et au manganèse, retirés par l’arrêté A/2025/480/MMG/SGG du 16 mai 2025, sont également intégrés à cette réserve stratégique», indique l’arrêté.
Selon des experts, il s’agit d’une tentative du pouvoir de reprendre la main sur un secteur minier longtemps critiqué pour son opacité, ses abus et sa faible contribution réelle au développement du pays. D’autres y voient une manœuvre politique, destinée à renforcer le pouvoir de l’exécutif sur les ressources naturelles, dans un contexte de transition.
Ce retrait massif de permis pourrait provoquer des frictions avec des entreprises nationales et étrangères, certaines déjà engagées dans des investissements lourds. Le message est clair : désormais, c’est l’État qui dicte les règles du jeu.
Ce geste des autorités est peut-être le prélude à une restructuration complète du secteur minier guinéen. Mais il pose une question centrale : à qui profitera réellement cette «réserve stratégique» ?
N’Famoussa Siby