Depuis l’étranger, l’ancien Premier ministre Sidya Touré a livré un discours poignant lors du congrès extraordinaire de l’UFR. Entre appels à l’unité nationale, dénonciation du régime actuel et foi inébranlable en la démocratie, il trace la voie d’un retour possible à la stabilité.
En direct depuis l’étranger, Sidya Touré s’est adressé à ses partisans. Ce congrès extraordinaire de l’Union des Forces Républicaines (UFR), tenu dans un climat politique délétère, a été l’occasion pour le leader politique de dresser un constat accablant de la situation en Guinée, tout en lançant un appel au sursaut collectif.
Dès les premières lignes de son intervention, Sidya Touré dénonce une Guinée « engouffrée dans une fragilité démocratique » où l’UFR, « plus qu’un parti, une conviction », est aujourd’hui suspendue. Cette décision, qu’il qualifie d’injuste, traduit selon lui une volonté d’exclusion et un refus du débat politique.
Mais l’homme politique, loin de se résigner, rappelle l’essence même de son engagement : défendre les acquis économiques de la nation. Il revient sur son entrée en politique, dans les années 1990, au lendemain d’une tentative de coup d’État, alors que le pays traversait une grave crise. Premier ministre à l’époque, il se dit fier d’avoir relancé l’économie, avant que « des cadres véreux » ne sabotent ce redressement.
Dans un ton virulent, Sidya Touré dénonce une corruption endémique en Guinée. Des fonds engloutis dans des projets, une industrie de la bauxite où « l’argent coule mais ne profite pas aux populations ». Pour lui, les dérives économiques actuelles ne sont que les fruits amers d’un système gangrené depuis des décennies.
Il interpelle également les nouvelles autorités militaires : « Vous êtes arrivés au pouvoir avec l’espoir du peuple. Mais aujourd’hui, tout est bloqué ». Le constat est sans appel. Le pouvoir de transition, qu’il avait salué à ses débuts, s’enlise dans l’inaction, l’exclusion, et l’échec du dialogue.
Face à ce qu’il décrit comme un mur d’incompréhension, Sidya Touré plaide pour un dialogue national sincère et inclusif. « Nous n’avons pas d’armes, mais nous avons la parole », insiste-t-il, rappelant que même les régimes les plus autoritaires finissent par parler. Il appelle l’armée à se considérer comme partie intégrante du peuple, et non comme une entité supérieure au-dessus des institutions civiles.
« On peut ne pas être d’accord sur tout, mais nous devons, pour que ce pays progresse, nous entendre sur un minimum. Et sur ce point-là, notre langage n’a jamais changé. Aucun développement durable ne peut se faire en excluant une partie de nos compagnons. C’est ensemble, et dans l’union, que les peuples bâtissent une action. C’est ensemble que nous construisons un État fort, une démocratie réelle, une économie dynamique et inclusive. Donc nous demandons que nous puissions nous retrouver, sous quelque forme que ce soit, mais que des discussions s’engagent. L’exclusion ne nous mènera à rien. Il faut qu’on trouve des solutions à cela. Renforcer la confiance entre les gouvernants et les gouvernés et redonner à la Guinée une image qui lui permette de jouer son rôle dans le concert des nations », a-t-il soutenu.
Pour lui, l’avenir passe par un pacte républicain minimal, basé sur le consensus, la réconciliation et la relance économique. « Un homme qui a faim n’est pas un homme libre », martèle-t-il, citant son professeur d’économie. Le développement, dit-il, ne peut se faire sans liberté, sans justice, sans cohésion nationale.
Dans la foulée, il a rendu un hommage au président du MoDeL Aliou Bah condamné an appel à deux ans de prison ferme. Et salué Foniké Menguè, Billo Bah deux cadres du Front national pour la défense de la constitution enlevés depuis plusieurs mois.
Malgré la distance, malgré l’exil, Sidya Touré reste convaincu que l’UFR est toujours « la lumière qui indique le chemin ».
N’Famoussa Siby