Le lundi 3 novembre 2025, le Général Mamadi Doumbouya a officiellement déposé son dossier pour la prochaine élection présidentielle. Une annonce qui a suscité une vague de réactions à Conakry, entre approbation, résignation et déception. Dans les rues de la capitale, chacun y va de son commentaire.
Mamaïssata Camara, mère de famille, accueille la nouvelle avec un certain soulagement.
« Moi, je suis contente qu’il se soit présenté. Sa candidature ne me dérange en rien. Tant qu’il y a la paix, moi ça va. Sous sa direction, le pays a connu un climat relativement calme. Les Guinéens sont fatigués des troubles politiques. Si sa candidature peut maintenir la paix, alors pourquoi pas ? », sinterroge-t-elle.
Pour Mohamed Camara, simple citoyen, cette candidature ne surprend guère.
« Ce n’est pas une surprise. On s’y attendait depuis qu’ils ont parlé de nouvelle Constitution. On savait qu’il allait se présenter, même si ce n’était pas ce qu’il avait promis au départ. Beaucoup pensaient qu’il allait changer d’avis, et c’est ce qui s’est passé. Maintenant, on attend de voir la suite », a-t-il indiqué.
Mais chez d’autres, c’est la déception qui domine. Bernadette Lamah, jeune diplômée, ne cache pas son amertume : « Il avait promis une transition vers la démocratie, pas de se présenter lui-même. Le 21 septembre 2025, il avait dit clairement qu’il ne serait pas candidat. En tant que Guinéenne, je suis vraiment déçue. C’était mieux de respecter la parole donnée. Beaucoup de Guinéens comme moi ne veulent plus d’un pouvoir issu de l’armée. On dit souvent que le pouvoir militaire n’est jamais stable. Il est temps de laisser la place à un civil ».
Et d’ajouter, avec une pointe de réalisme : « On sait tous qu’en Afrique, on n’organise pas des élections pour les perdre. Quand on est déjà au pouvoir, on a toutes les chances de gagner. Et c’est justement ce que je ne souhaite pas ».
Souleymane Sidibé, lui, se montre particulièrement inquiet pour l’avenir. « Une candidature, ce n’est pas le problème. Le vrai problème concerne l’homme du 21 septembre 2021, celui qui avait promis que ni lui ni un autre membre du CNRD ne serait candidat pour les prochaines élections. Chose qu’il a répétée à plusieurs reprises », rappelle-t-il.
« Autrement dit, l’homme au béret venu comme sauveur n’a pas respecté sa parole donnée devant Dieu et les hommes. Et s’il y a un autre problème demain, le peuple devra se souvenir de la source. Le capitaine Moussa Dadis Camara avait voulu se porter candidat après avoir promis de laisser le pouvoir aux civils on a vu les conséquences, notamment le 28 septembre 2009. Alpha Condé aussi a violé la Constitution pour s’éterniser, et cela a conduit à sa chute le 5 septembre 2021. Aujourd’hui, si le Général Doumbouya se porte candidat, il ne faudra pas s’étonner si les mêmes causes provoquent les mêmes effets », a-t-il conclu.
A noter qu’au lendemain de la prise du pouvoir le 5 septembre 2021, le président de la Transition, le général Mamadi Doumbouya avait indiqué qu’il n’était candidat à quoi que ce soit, ainsi que les membres du CNRD.
M’Mah Cissé


