Les habitants du marché de Bonfi, dans la commune de Ratoma, se sont réveillés ce matin par une scène d’horreur. Aux environs de 6h10, le corps sans vie d’un jeune homme a été découvert allongé sur une table d’étalagistes, plongeant commerçants et riverains dans la stupeur.
Des divergences subsistent quant à son identité et à son activité. Âgé d’environ une trentaine d’années, le défunt était inconnu des habitués du marché. Toutefois, certaines femmes de passage ont affirmé qu’il exerçait comme transporteur de bagages.
Du côté des administrateurs du marché, cette version est formellement contestée. Ils assurent que la victime ne faisait pas partie des porteurs officiels de Bonfi. En revanche, un jeune témoin indique le connaître comme colporteur au marché de Madina, précisant qu’il serait venu s’allonger sur les lieux avant de rendre l’âme. Il se faisait appeler FoulaniBoy, en référence à son ethnie.
Étendu sur la table, le corps présentait un état physique alarmant : une extrême maigreur, une cheville enflée, plusieurs plaies profondes et non traitées sur les jambes, ainsi qu’une plaie purulente sur le côté du torse. Un liquide jaunâtre était également visible au niveau du nez et de la bouche.
Alertée, la Police technique et scientifique (PTS) s’est rapidement rendue sur les lieux. Le colonel Mohamed N’Diaye, responsable de la PTS, revient sur les circonstances de l’intervention : « ce matin, j’ai été appelé par le chef de service du commissariat urbain de Bonfi le colonel Yattara, suite à une découverte macabre qui est faite au niveau du marché. Alors sans plus tarder, l’équipe qui a passé la nuit de permanence, nous avons rallié le lieu ».
À leur arrivée, les agents font un constat glaçant : « À notre grand étonnement, on trouve sur la table des étalagistes, un corps sans vie, un individu qui a vomi du sang et qui a des plaies un peu partout sur les pieds, sur l’abdomen et le dos ».
Selon les premières observations de la police, la victime serait un toxicodépendant souffrant d’une maladie pulmonaire.
« on constate que c’est un toxicodépendant qui est atteint d’une maladie pulmonaire. Alors certainement hier il a consommé (…) ce qui nous prouve par expérience que c’est dû à la drogue communément appelée Kush. Il a vomi du sang », a indiqué la police.
Face à l’état avancé de décomposition du corps, le procureur a été immédiatement saisi : « on a appelé le procureur puisque le corps là est déjà en état de décomposition….On va impliquer tout ceci parce que ce fléau-là commence à nous impressionner ».
Le colonel N’Diaye tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme sur la recrudescence des décès liés à la consommation de drogue chez les jeunes.
« la semaine, on a ramassé beaucoup de corps non identifiés et ils sont tous des jeunes consommateurs dans les marchés, dans les débarcadères. ..Toute la semaine on a ramassé plus de 6 corps (…) uniquement des jeunes », a-t-il dénoncé.
Il appelle enfin à une mobilisation collective pour endiguer ce phénomène : « l’appareil judiciaire, la police, la gendarmerie et les parents des enfants, nous devons tous nous impliquer. On doit tous se donner la main pour sensibiliser cette jeunesse-là ».
Cette nouvelle découverte macabre relance le débat sur la consommation de la drogue Kush, un fléau qui continue de décimer la jeunesse guinéenne, notamment dans les marchés et les débarcadères de Conakry.
Balla Yombouno


