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Côte d’Ivoire : s’achemine-t-on vers un remake de la crise de 2010 ?

On ose à peine l’allusion. Tant la crise politique de 2010-2011 rappelle un chapitre si douloureux de l’histoire récente de la Côte d’Ivoire que personne ne voudrait que ce pays si prometteur en passe par là à nouveau. Mais il faut croire que les acteurs politiques ivoiriens se plaisent à tenter le diable. C’est du moins l’impression qu’ils renvoient avec les conditions dans lesquelles l’on prépare la présidentielle du mois d’octobre prochain. Au gré des multiples exclusions du processus électoral, on risque d’arriver à ce scrutin dans un contexte politique rendu particulièrement lourd. D’autant que le pouvoir en place, plutôt sourd aux appels à la raison et manifestement incapable de cerner par lui-même les menaces au-devant desquelles va le pays, s’enferme tout à la fois dans un déni et une arrogance qui ne sont pas de nature à décrisper la situation.

Des ambitions présidentielles rayées d’un trait

La liste des compétiteurs d’envergure qui ne devraient pas participer à la prochaine présidentielle en Côte d’Ivoire s’allonge d’un nom. Celui de Tidjane Thiam que le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) s’est pourtant choisi la semaine dernière comme son candidat. Ce mardi 22 avril, alors que le monde entier n’avait d’yeux que pour les préparatifs des obsèques du pape François, la justice a annoncé la décision de radiation du leader du PDCI de la liste électorale. Une décision d’autant plus cruelle qu’elle est insusceptible de recours. A défaut d’arrangements politiques, les ambitions présidentielles que l’ex-banquier nourries depuis des années se voient donc ainsi rayées d’un seul trait. Pour les besoins de la cause, la justice a sorti des placards un vieil article du code de la nationalité. La disposition stipule l’acquisition d’une autre nationalité entraine automatiquement la perte de celle ivoirienne. Or, Tidjane Thiam avait déjà acquis la nationalité française en 1987. En apparence, la logique juridique tient.

Ouattara comme jadis Macky Sall

Mais dans nombre de pays du continent, la stratégie est classique. Faire du juridisme pour écarter ses adversaires les plus redoutables. Etrangement, cela nous rappelle le concept d’ivoirité dont curieusement le PDCI était le prometteur contre l’actuel président, Alassane Ouattara. C’est à croire que le pays n’a jamais rompu avec les vieux démons. En tout cas, dans le cas présent, la manœuvre est évidente. Après les exclusions de Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro, le camp Ouattara cible désormais  Tidjane Thiam. L’objectif est clair : baliser le chemin pour le quatrième mandat d’Alassane Ouattara. Autrement, depuis des mois, la classe politique ivoirienne appelle en vain à un dialogue politique. Dialogue qui se serait penché sur ces questions sensibles de manière anticipée. Mais plutôt sûr d’eux, Alassane Ouattara et les siens n’y prêtent guère attention. Une attitude qui n’est pas sans rappeler l’autisme dont Macky Sall avait lui-même fait montre il y a un an au Sénégal. Mais là-bas, le peuple, soutenu par l’élite intellectuelle, avait finalement eu raison de la boulimie du pouvoir de l’ancien président sénégalais.

Un peuple fataliste et résigné ne mérite ni bonheur, ni gloire

Justement, l’abnégation et la maturité des Sénégalais doivent inspirer les Ivoiriens. Certes, à bien des égards, Alassane Ouattara a été un dirigeant exemplaire durant les quinze dernières années. Pour autant, aucun bilan ne lui confère le droit de choisir les candidats aux prochaines consultations électorales. Surtout si, comme cela semble se dessiner, lui-même entend briguer un nouveau mandat. Contrairement à ses engagements d’il y a cinq ans. Dejà, son troisième mandat était de trop. S’il venait à se substituer à ses compatriotes pour décider de tout à la place de tout le monde, il exposerait de facto le pays à tous les risques, y compris à celui d’un coup d’Etat. Et cela, les Ivoiriens ne doivent pas le permettre. Bien sûr, il n’est pas ici question d’une invite à tout casser. Mais unis et déterminés, ils sauront montrer la ligne rouge au président Ouattara et même à le convaincre de la nécessité de se reposer. C’est cela leur responsabilité à tous. Responsabilité qu’ils doivent d’autant plus assumer qu’un peuple résigné et fataliste ne mérite ni le bonheur, ni la gloire. Ce ne doit pas être une question de pro ou anti-Tidjane Thiam. Ce n’est pas du sort d’un individu dont il est question. Les enjeux sont d’une plus grande portée. Car il s’agit de la préservation d’acquis notamment  économiques et infrastructuels indéniables. Mais il s’agit aussi de chance à offrir à la jeune démocratie ivoiriennne pour son ancrage et sa vitalité. En somme de destins et d’avenir qui transcendent somme toute la querelles partisanes habituelles.

Boubacar Sanso Barry

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