En Guinée forestière, notamment dans la préfecture de Lola, en dépit des grandes potentialités agricoles, de nombreuses localités sont en manque d’infrastructures de développement de base. C’est le cas du village de Samoukadou – dans la sous-préfecture de Guéasso – situé à 3 kilomètres de la frontière avec la Côte d’Ivoire et à 90 kilomètres du chef-lieu de la préfecture de Lola, où s’est rendu récemment le correspondant du Djely dans la région.
Avec une population de près de 1 000 habitants, Samoukadou, le tout le dernier village qui sépare la Guinée de la Côte d’Ivoire, du côté de la sous-préfecture de Guéasso, est loin de connaitre les signes du développement. Là-bas, la population est confrontée au manque d’infrastructures routières et sanitaires, d’eau potable mais aussi d’enseignants.
Assis sous un manguier, ce septuagénaire égraine les difficultés auxquelles son village est confronté. « Ici, notre première difficulté, c’est le problème d’accès à l’eau. On a un forage ici. Mais aujourd’hui avec la démographie que connait le village, ce forage seul ne suffit plus. Certaines familles sont obligées d’aller puiser l’eau du marigot pour leurs besoins. A cela s’ajoute le problème de routes. Nous produisons beaucoup dans cette localité agricole mais on n’a pas de routes pour écouler nos produits. Tous les ponts que nous avons sur nos pistes sont en bois et les véhicules ne peuvent pas venir. Si on veut écouler nos produits, on est obligés de les transporter sur la tête jusqu’à Guéasso qui est située à 27 kilomètres d’ici, ou encore à Foumbadou qui est à 30 kilomètres. On souffre vraiment ici. Un autre problème : c’est le manque de réseau téléphonique. Notre village n’est couvert par aucun réseau téléphonique. Si on veut échanger avec fils qui sont ailleurs, on se déplace à au mois un kilomètre d’ici pour pouvoir émettre ou recevoir un appel. Il faut que le gouvernement pense à nous », lance Ousmane Soumaoro.
Se sentant oublié par l’administration publique, les habitants du village se mobilisent pour relever des défis dans certains secteurs et pas les moindres, comme l’éducation et la santé. La population avec ses maigres moyens est parvenue à construire un poste de santé et une école de 3 salles de classes.
Si cette école fonctionne avec un enseignant titulaire et un enseignant communautaire pris en charge par le village, le poste de santé quant à lui peine à fonctionner par faute d’agents. « Aujourd’hui, on a un problème de santé qui se pose. Face au manque de structure sanitaire, on s’est battus à construire un poste de santé. Mais le mal, c’est qu’on n’a pas d’agents de santé. Ce qui fait que le poste est fermé. Si on a un malade, il faut l’évacuer soit dans le village de Gbotoro ou à Guéasso. Or, il n’y a pas de route pour transporter les malades. Des fois, il nous arrive d’enregistrer des cas de décès notamment avec les femmes en grossesse surtout. Soit on perd la femme, soit le bébé ou même les deux. Nous avons mené des démarches auprès du maire pour nous trouver un infirmier mais sans succès pour le moment », déplore Abdoulaye Camara, habitant du village de Samoukadou.
Pour pallier à toutes ces difficultés, Afou Doumbouya, la trentaine sollicite l’aide de l’Etat à sa communauté. « Nous n’avons qu’une seule pompe ici. A l’heure qu’il fait, la population a augmenté et cette pompe ne peut plus servir tout le village. Il nous faut deux ou trois pompes pour répondre à la demande. Si une femme enceinte a des complications à Samoukadou, ça devient inquiétant parce qu’il n’y a pas d’agent de santé pour sa prise en charge. Ici, les femmes en état de grossesse ne sont suivies. Il y a souvent des cas de morts à cause de cela. Nous demandons à l’Etat de nous venir en aide », plaide-t-il.
Disant être conscient de ces différentes difficultés auxquelles font face les citoyens de Samoukadou, mais aussi celles d’autres localités de Guéasso, le maire invite à la patience. « Dans la commune rurale de Guéasso, il y a un vrai problème de routes qui complique le transport des produits agricoles. Les ponts sont tous en bois. Au niveau de la santé, il y a des gros efforts qui sont faits mais beaucoup restent encore à faire. Dans le secteur de l’eau, il 40 villages qui constituent la commune rurale de Guéasso, mais il n’y a que 12 villages qui ont des points d’eaux. Tous les n’en ont pas. Je demande à la population de patienter. Le gouvernement n’oublie personne », assure Ibrahima Diawaty Doré.
A noter que la sous-préfecture de Guéasso qui compte une population de plus de 32 000 habitants repartis dans 40 villages ne dispose que de 24 forages dont 5 dans le centre de sous-préfecture.
Niouma Lazare Kamano, de retour de Guéass pour Ledjely.com