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ETIENNE SOROPOGUI : “Les Guinéens ne sont plus naïfs…”

Après le trio Ousmane Gaoual-Cherif Bah-Cellou Baldé, c’est autour d’Etienne Soropogui, le leader du mouvement ”Nos valeurs communes”, lui aussi, détenu à la Maison centrale, de se prononcer sur le dialogue politique en perspective. L’ancien responsable à la Commission électorale nationale indépendante (CENI), de son côté ne croit nullement à l’idée de ce dialogue. Il en parle d’ailleurs comme une tentative d'”enfarinade”. En conséquence, il prône et salue la résistance dont fait montre Cellou Dalein Diallo. Certes, il admet, à la suite de Nelson Mandela, que la prison “ne vous vole pas que votre liberté, elle essaie de vous déposséder de votre identité”. Mais il pense justement que le devoir du détenu est de “rester intact à la prison, d’en sortir en étant resté le même, de conserver et même de renforcer ses convictions“. En tout état de cause, Etienne Soropogui pense que les “Guinéens ne sont plus naïfs“, au point de se laisser embobiner. 

Chers compatriotes,

Je pense comme le président Obama, que notre démocratie n’est pas une maison que nous devons bâtir, mais un dialogue que nous devons avoir concernant la nécessité et l’urgence de construire un consensus intellectuel national autour d’un patrimoine commun de valeurs et de principes qui fondent notre pacte républicain.

Donc personnellement je crois aux vertus du dialogue et j’ai la conviction solidement ancrée que le débat, le dialogue et la concertation sont des déterminants majeurs dans une démocratie parce qu’ils font partie des composantes inscrites dans son ADN.

Me rappeler cela à moi, c’est comme apporter un verre d’eau à la mer.

Il se trouve cependant que nous sommes dans un pays où les pratiques politiques, portées par des fossiles politiques consistent à penser que la recette pour gouverner, réside dans l’habileté à savoir contourner, dévoyer et pervertir les valeurs les plus nobles et les plus respectables pour les mettre au service d’objectifs et d’intérêt cyniques et de recherche obsessionnelle de dividende politique.

Sinon, le contexte inadmissible aggravé par la situation humanitaire catastrophique dans lequel les élections législatives, présidentielle et le Référendum se sont tenus auraient pu être perçu et saisi comme un appel à l’humilité, au compromis et au dialogue.

Mais en lieu et place, ils ont préféré suivre leurs démons intérieurs en décidant avec haine et mépris de resserrer les VIS de la machine répressive pour embastiller et tuer des adversaires d’opinions, comprimer et restreindre leurs libertés de mouvement et de déplacement, les contraindre à l’exil ou encore maintenir fermer leurs locaux.

L’objectif visé a été clairement affiché, grossièrement et fièrement assumé, le plus souvent avec mépris, arrogance et désinvolture. Il s’agissait de supprimer et de décapiter l’opposition.

En réalité, ils sont surpris, choqués et abasourdis par les capacités de résilience de l’opposition, notamment celles du Président Cellou Dalein Diallo, qui a su en dépit des offenses et affronts doublés des multiples tentatives d’humiliation, se réinventer pour montrer fière allure en restant digne et en refusant de courber l’échine et de “ramper’’ comme ils s’y attendaient.

Il a refusé de jouer et d’endosser le rôle que l’adversaire avait écrit pour lui.

L’opposition est à féliciter parce qu’elle a su rester debout en travaillant à faire admettre dans l’opinion publique internationale que de graves violations des droits humains consécutive à violation des normes constitutionnelles est en cours en Guinée. Et qu’il y a urgence à agir.

Nous avons su rendre notre lutte compréhensible et attractive.

Ce qui fait que notre position à pris le dessus au tribunal de l’opinion publique internationale.

Je crois qu’il est important de rester concentré sur ces acquis et refuser de se laisser distraire par des enfarinades dont on est désormais coutumier en Guinée.

Parce qu’il n’y a rien de plus transparent que l’expression hypocrite d’une volonté à laquelle on ne croit pas.

Les Guinéens ne sont plus naïfs, ils comprennent parfaitement qui détient les clés de cette situation de pourrissement.

Pour ma part et contrairement à la propagande gouvernementale qui s’acharne à nous présenter comme de dangereux criminels et des hors la loi, je demeure et reste un prisonnier d’opinion.

Je suis dans cette forteresse non pas à cause de ce que j’ai fait, mais à cause de mes opinions, à cause de ma conscience.

Le Président Mandela nous enseigne que la prison ne vous vole pas que votre liberté, elle essaie de vous déposséder de votre identité.

Le défi de tous les jours pour un prisonnier de conscience est de lutter contre la tentative de la prison de vous dépouiller de votre identité en réussissant à rester intact à la prison, d’en sortir en étant resté le même, de conserver et même de renforcer ses convictions.

Parce que sous la pression de l’incarcération, certaines personnes apparaissent très loin en dessous de ce qu’elles avaient semblé être.

Étienne Soropogui

Président du parti Nos Valeurs Communes

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