Pour fluidifier la circulation routière dans la capitale guinéenne, les autorités ont installé, l’année dernière, des feux tricolores dans les grands carrefours. Toutefois, certains usagers ne les respectent pas.
Au début, certains estimaient que le gouvernement n’avait pas suffisamment communiqué mais plus le temps passe, plus des citoyens continuent à « griller le feu ». Pourtant il s’agit d’une infraction à la circulation routière. Des irrégularités sont aussi constatées dans le fonctionnement de certains de ces dispositifs de régulation la circulation routière.
Fatoumata Touré, la vingtaine, a fait ce constat amer un jour quand elle s’est embarquée avec enthousiasme à destination de Cosa dans la commune de Ratoma. Très vite, elle perd sa bonne humeur. « A quelques mètres du carrefour, le chauffeur a créé une deuxième ligne, mais je pensais que c’était pour passer plus rapidement lorsque le feu passera au vert comme le font beaucoup d’autres, mais il a traversé », raconte la jeune femme.
En essayant de le faire comprendre la gravité de son acte, une longue dispute a éclaté dans le taxi poursuit-elle : « Il m’a demandé en retour, si c’est mon véhicule. Je l’ai dit que nos vies sont plus précieuses que sa voiture, mais il n’a pas voulu entendre raison. Il y avait 6 passagers dans le taxi dont 4 garçons, certains ont essayé de le raisonner mais il est resté sur sa position, et d’autres sont descendus à mi-chemin. Entre temps il m’a traité de non instruite, je n’ai pas pu m’empêcher de le prendre au collet, on aurait pu avoir un accident, heureusement les deux autres passagers sont intervenus ».
Kadiatou Diallo, la vingtaine également, dit avoir vécu une expérience similaire sur le même tronçon, et au départ de la même embarcation, mais elle regrette de ne pas avoir pris le temps de noter le numéro d’immatriculation du véhicule. « Quelques semaines après, je me suis retrouvée au même point d’embarcation, j’ai donc cherché le responsable syndical de ladite ligne, mais on m’a dit qu’il se trouve à leur base, à Cosa. J’ai donc pris son numéro de téléphone pour l’appeler, et justement il m’a demandé si je connais le chauffeur ou le numéro d’immatriculation du véhicule, je l’ai répondu non, mais que je peux tout de même reconnaître le chauffeur. Il m’a dit qu’il va mener ses investigations », explique-t-elle.
Joint au téléphone par notre Ledjely.com, Mamadi Condé, responsable syndicale, a reconnu que certains chauffeurs le font, avant d’expliquer que des sanctions pécuniaires sont prises contre ces conducteurs indélicats. « S’il s’avère qu’un chauffeur a commis une infraction, nous lui faisons payer des billets : si c’est pour “bagarre et injure publiques” par exemple, il paye 50 000 GNF. Cependant il y a certains chauffeurs qu’on voit qu’une fois, et puis ils disparaissent, ce sont généralement eux qui se rendent coupables de telles infractions, or ce n’est pas facile de les retrouver », renchérit le syndicaliste.
Pour sa part, Abdoulaye Sy Savané, consultant en sécurité routière estime que le respect des panneaux de signalisation passe par leur fonctionnement en intermittence, ce qui n’est pas le cas à certains points stratégiques de la commune de Kaloum par exemple où parfois la couleur rouge ne change pas ou le feu s’éteint carrément par manque d’électricité poursuit-il. « Si vous brûlez (dépasser, ndlr) un feu, vous avez la chance de griller une vie. Et si vous grillez un feu dans un pays comme le Ghana par exemple, une police bien organisée va vous interpeller pour vous faire comprendre sans violence que vous avez commis une infraction, et vous payez (une grande somme) », relate-t-il.
Plus loin, il explique que le policier prime sur le panneau, d’où sa présence pour alerter les usagers de la route en cas d’anomalie dans le fonctionnement du tricolore : « Les feux doivent être régulés en fonction du flux, du trafic des véhicules, sinon ça rend la circulation beaucoup plus difficile, car si on applique la minuterie du feu d’un endroit où la densité n’est pas grande à un endroit plus grand, quand le feu vert est là, le temps d’un véhicule qui est à 10-20 mètres d’arriver, le rouge arrive encore, donc ça rend la circulation difficile ».
Hawa Bah