C’est une équipe mobile mixte et dynamique mise en place pour faciliter le suivi et la réintégration des enfants en situation de mobilité qui l’a référé à l’UNICEF. L’UNICEF a ainsi tout mis en œuvre pour sa réintégration professionnelle.
Agé aujourd’hui de 18 ans, Moussa* est le troisième fils des 5 enfants de sa maman. Issu d’une famille polygame, il vivait dans la préfecture de Siguiri où il apprenait la mécanique, jusqu’à ce qu’il succombe à la tentation de l’aventure. Ce projet, il le planifiera et l’exécutera en 2016. Convaincu que la réalisation d’un tel projet nécessite de l’argent, Moussa s’organise et parvient à économiser 3 millions de francs guinéens environ 300 dollars. Un jour, malgré son jeune âge à cette époque (13-14 ans), Moussa se met sur le chemin et traverse la frontière guinéenne et arrive au Mali avec l’ambition de continuer en Algérie.
A l’époque, les groupes armés sévissaient dans la partie nord du Mali. Là, il vit une scène qui le traumatise sans pour autant le dissuader. L’un des jeunes qui n’avait pas l’argent qui lui avait été demandé, se retrouve aspergé d’essence avant qu’on ne lui mette le feu.
Ainsi, s’engage, un sauve-qui-peut, Moussa parvient à échapper au groupe armé et rallie l’Algérie, nous raconte-t-il. Moussa n’est pas encore à sa dernière étape pour espérer atteindre l’Europe. Mais il n’a plus de moyens « puisque je n’avais plus d’argent, j’y ai travaillé quelques mois comme ferrailleur et mécanicien à la fois. J’y ai obtenu 300 000 dinars qui m’ont permis d’aller en Libye ».
Une fois en Libye, Moussa semble s’approcher de la réalisation de son rêve. Lui et ses amis de circonstance rentrent en contact avec des passeurs de fortune pour les aider à atteindre les côtes de l’Europe. « Arrivé en Libye, mes amis et moi avons payé des passeurs afin qu’ils nous aident à traverser. Nous avons ainsi emprunté une embarcation de fortune, mais en pleine mer, ils nous ont attrapés et nous ont ramenés en Libye. Nous avions été emprisonnés pendant 6 mois avant que je ne sois ramené en Guinée grâce à l’OIM ».
Pour faciliter le suivi et la réintégration des enfants en situation de mobilité, l’UNICEF a mis en œuvre un projet financé par la Coopération italienne et un financement du gouvernement britanique (DFID). Il a pour objectif d’identifier, enregistrer et référer les enfants vers le centre de prise en charge intégrée et les services préfectoraux de protection de l’enfant.
Une équipe mobile mixte et dynamique est mise en place à cet effet. C’est pourquoi, à l’arrivée de Moussa dans sa préfecture, Siguiri, il a été reçu par les travailleurs sociaux qui l’ont référé à l’UNICEF qui a tout mis en œuvre pour sa réintégration professionnelle. Moussa reprend ainsi la mécanique. « C’est l’UNICEF qui a fait que je sois resté pour poursuivre mon métier de mécanicien. Depuis, je travaille ici avec une détermination plus grande que celle que j’avais avant. J’ai pratiquement maîtrisé mon métier. Mon maître m’a libéré, mais comme je n’ai pas pour l’heure, les moyens nécessaires pour me créer mon propre garage, je reste encore auprès de lui, en attendant que je sois financièrement prêt pour voler de mes propres ailes. C’est à ce niveau que je souhaite encore une dernière intervention de l’UNICEF pour que je puisse réaliser ce projet de garage », plaide-t-il.
Moussa se souvient encore des souffrances qu’il a endurées en Algérie et en Libye lors de son aventure qui a malheureusement tourné au fiasco « je demande aux jeunes d’avoir le courage de travailler chez eux, car l’on peut réussir en restant chez soi. J’ai tenté l’aventure, mais j’ai failli y rester. Lors de ma traversée, j’ai atrocement souffert, je suis tombé malade à plusieurs reprises et j’ai subi des traitements inhumains ».
La problématique des enfants en situation de mobilité dans les régions de Kankan, Mamou et Labé devient de plus en plus préoccupante. Selon le rapport 2018 du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), la Guinée occupe la première place des pays de départ, avec 14 400 migrants en situation irrégulière qui ont traversé la méditerranée. La plupart d’entre eux affirment avoir subi durant leur parcours, des violences physiques et psychologiques.
Saa Momory KOUNDOUNO