Après la publication des nominés des Médias Awards Guinée (MAG) pour cette année, plusieurs journalistes de l’intérieur du pays ont élevé la voix. Selon eux, ces nominés pour la plupart présents à Conakry ne reflètent pas l’ensemble des journalistes alors que la compétition est nationale.
Sidi Diallo, PDG de la radio Fraternité FM à Mamou est de ceux-là qui se sont indignés dès la publication de la liste des nominés. Pour lui, cette compétition ne peut être nationale quand ce sont seulement des journalistes de Conakry qui sont pris en compte. « Je ne suis pas contre qu’on élise des gens pour dire qu’ils sont meilleurs. C’est le caractère national qui me choque… C’est pourquoi j’ai dit qu’il faut plutôt dire, c’est le meilleur à Conakry là-bas », proteste-t-il. En effet, estime-t-il : « Il y a beaucoup de médias à l’intérieur du pays qui ne sont pas du tout contactés dans le cadre de ces événements… C’est inadmissible de dire que tous les meilleurs présentateurs, journalistes, animateurs et même animateurs en langues nationales se trouvent à Conakry ». En conséquence, Sidi Diallo élève encore le ton : « Qu’on arrête de se moquer des gens, qu’on dise qu’ils sont meilleurs à Conakry mais pas par rapport à toute la Guinée ».
Revenant à la charge, il note que ce sont des journalistes à l’intérieur qui font vivre des rédactions à Conakry en les ravitaillant en information. A son avis donc, « ceux qui sont dans des bureaux bien climatisés ne peuvent pas être meilleurs par rapport aux journalistes qui sont sur le terrain, en brousse, qui prennent le transport sur les pistes rurales et même des pirogues pour aller à la rencontre des vrais Guinéens… la Guinée ne se limite pas à Conakry », fait-il savoir.
Du côté de la structure organisatrice de l’évènement, on se défend de toute exclusion des journalistes de l’arrière-pays. Antoine Kourouma, le commissaire général de l’événement, rappelle d’ailleurs les canaux par lesquels les journalistes sont inscrits dans le concours : « Nous avons indiqué que la sélection se faisait de trois manières. D’abord, ce sont les médias qui inscrivaient leurs nominés. Puis, ce sont quelques nominés dans les catégories qui pouvaient postuler volontairement et il y avait une commission à l’interne qu’on a appelée commission de veille, qui procédait au choix des nominés pour les différentes catégories ». Mieux, pour tenir compte justement des journalistes de l’intérieur du pays, un prix spécial a été institué. « Au niveau des prix spéciaux, c’est bien indiqué prix spécial du meilleur correspondant de l’intérieur du pays. Il est pour les journalistes qui évoluent à l’intérieur du pays… L’an passé, le prix existait. Il n’y a pas eu de postulant venant de l’intérieur du pays et à l’époque, les membres du jury n’ont pas décerné ce prix. Cette année, on a reconduit pour une nouvelle fois », explique Antoine Kourouma. Du coup, les organisateurs assimilent certaines des critiques qui sont aujourd’hui émises à de la mauvaise foi. « Si ce n’est pas de la mauvaise foi, dites-moi pourquoi les gens peuvent voir mentionné prix du meilleur correspondant à l’intérieur du pays et dire clairement que l’intérieur du pays est oublié ? Pourquoi ce prix existe alors », s’interroge Antoine, en précisant qu’ils ont 5 postulants pour cette année dans cette catégorie ?
Sidi Diallo n’est pas pour autant convaincu. Il persiste en effet : « Tous les patrons de média n’ont pas été contactés. Moi, il a demandé mon mail. Je le lui ai envoyé mais je n’ai eu aucune information. Allez demander aux responsables de Milo FM à Kankan, Bêta FM à Labé, Zaly FM à N’zérékoré, Milo FM à Mandiana. On est sur le territoire national… Si on dit toute la Guinée, il faut avoir le courage d’informer les médias. Moi on m’a demandé mon email, aucune information n’est venue. Je ne suis pas informé et c’est la même chose pour d’autres ». Et pour ce qui est du prix spécial, il note que l’intérieur du pays n’est pas meilleur qu’au niveau de la catégorie « correspondant ». « Si toutes les radios à l’intérieur avaient été intéressées, je vous le jure on aurait pu trouver des meilleurs présentateurs, reporters, animateurs en langues nationale à l’intérieur du pays », estime Sidi Diallo.
En fin de compte, le commissaire général de MAG plaide pour la compréhension : « On fait en sorte d’améliorer chaque année. Si à la première édition il y a des prix qui n’existaient pas, on a fait en sorte qu’à la deuxième édition, qu’on rajoute des prix en passant de 15 à 22. (…) Au fur et à mesure nous évoluons, on essaie de rajouter des éléments qui n’existaient pas et nous écoutons tout le monde. Nous sommes ouverts aux propositions ».
Sidi Diallo, lui, s’en remet à la Haute autorité de la communication (HAC), au ministère de l’Information et de la Communication et aux associations professionnelles de la presse, qu’il invite à s’implique pour une prise en compte de tous les médias.
Elisabeth Zézé Guilavogui