Au cœur d’un Sahel de tous les soubresauts, beaucoup aspiraient à la solidarité des communautés, à l’audace du panafricanisme et à la force de la supranationalité. Or, le schmilblick actuel dans cette zone porte à croire qu’avec “Air CEDEAO, l’Afrique bat de l’aile effectivement toujours plus fort“.
En effet, comprendre les décisions de la CEDEAO relève d’un casse -tête chinois tant son obstination à vouloir reconduire l’ordre dans les “pays rebelles“ s’apparente à un oxymore, la CEDEAO étant du côté des “HÉROS“ lors des coups d’états constitutionnels et contre les “ZORROS“ pendant les coups d’états militaires donnant ainsi l’impression d’un désordre régional au pic de son apogée.
Bref, cette politique de deux poids deux mesures et cette crise de droit au centre de son dysfonctionnement ne sont – elles pas les prémisses d’une implosion programmée de la CEDEAO à ses dépens ? En témoigne la crise juridico – politique entre UEMOA-CEDEAO qui force le mariage de l’embargo malien avec le peu de légitimité qui lui reste.
Si le choc du verglas franco-malien a accéléré la rupture du cordon ombilical du paternalisme français, il a aussi certainement révélé l’instrumentalisation de ladite organisation par ses pairs pour des motifs autres que populaires au sens de la CEDEAO des peuples, à telle enseigne qu’elle est devenue aujourd’hui le théâtre de toutes les injonctions extérieures.
Aujourd’hui, ce club de décideurs de nos jours de malheur, tâtonne sur le fétichisme des dates de transitions militaires, prône l’angélisme de la démocratie à l’aune des sabotages constitutionnels et soutient un cynisme à géométrie variable établi au grand dam des intérêts de “ceux qui font et défont l’Afrique mais qui ne sont pas les africains eux-mêmes“.
De paradoxe en paradoxe, les états généraux politiques, sociaux et surtout en matière de gouvernance semblent revenir à un nationalisme dur, un patriotisme exacerbé face à un régionalisme politique à mort subite où tout anticonformisme politique ou international est ressenti jusque dans le panier des populations.
Cependant, toute légitimité appartenant au peuple, bien de cas ont montré que là où la CEDEAO, dans ses décisions, a fermé la porte aux “États audacieux“, ceux – ci trouvent la fenêtre de la légitimité populaire, de la légalité constitutionnelle et créent un sentiment d’éveil qui pousse à combattre non pas seulement la CEDEAO, mais tout le système de subordination économique, monétaire, politique et militaire postindépendance.
L’esprit de ce texte n’étant pas un coup de gueule aux grandes gueules qui entrainent l’Afrique à son désarroi, vous conviendrez avec moi qu’une reforme juridique, politique et économique dans l’essence même de la bonne gouvernance démocratique et du réalisme des aspirations d’aujourd’hui, s’impose à la CEDEAO en tant qu’organe supranational.
Toutefois, certains en tapant le tam-tam parleur appellent à la punition et à la correction des États insoumis au système. Mais, on a en mémoire que c’est au prix de croisades meurtrières, de révolutions farouches, de combats acharnés, de soulèvements et renversements populaires, et de putschs, que cette France monarchique est devenue la France républicaine, indépendante, souveraine et puissante.
Que serait donc un pays, une nation et un peuple sans péripéties qui jalonnent son histoire et sans récit national qui guide ses aspirations.
Ainsi, si de si nobles luttes sont combattues non pas pour leurs perversités dégradantes mais pour leurs objectifs de renouveau politique et/ou économique, alors nous comprenons les propos de François Mitterrand qui disait que : « sans l’Afrique, il n’y aura plus d’histoire de France au XXIe siècle », pour ne citer que la France.
Thomas Sankara n’avait – il pas raison ? Le débat reste ouvert.
Tall Madina
≠Colombe Noire
Analyste politique et géostratégique, diplômée en Études Stratégiques, Sécurité et Politique de Défense, Droit et Politiques de Développement, Diplomatie et Relations Internationales, Chercheuse sur les questions de terrorisme dans la zone sahélo-saharienne, éditorialiste et écrivaine. Présidente du Mouvement Nouvel Afrique – Nouvelle Génération
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