Ce vendredi 12 août 2022, dans les bandes de 22 heures, 7 pickups de la gendarmerie et de la police ont fait irruption dans le marché Kiroty et obligent commerçants et locataires à baisser les rideaux. Mais au-delà, les agents ont aussi embarqué des citoyens et notamment des motos de ceux qui ont été interpellés dans le périmètre.
Cette descente est consécutive à un accord conclu entre le Haut commandant de la gendarmerie, la gouverneure de la ville de Conakry, dont l’objectif annoncé est de lutter contre le banditisme, la consommation et la vente des stupéfiants dans les marchés. Justement, un citoyen ayant échappé de justesse à la rafle se plaint. « Ce n’est pas normal. Le communiqué tombe ce soir et ils se mettent à l’œuvre. Ce n’est pas tout le monde qui est au courant de cette information. Notre pays va vraiment mal », a-t-il regretté, avant de déplorer la manière « brutale » avec laquelle la police est intervenue.
Les pickups de la police et de la gendarmerie ne sont pas partis des lieux que dans les bandes de minuit. De fait, un d’entre eux, s’exprimant sur le sceau de l’anonymat a indiqué qu’ils sont reçu l’ordre de faire rentrer les gens à 20 heures. Et c’est après leur départ que les occupants des lieux, sortant un à un de leurs cachettes, se sont retrouvés aux abords du marché pour déplorer la « brutalité » dont certains d’entre eux ont fait l’objet.
D’ailleurs, un d’entre eux, manifestement traumatisé, redoutait un retour des agents. Conséquence, il n’osait pas s’aventurer au-delà de la porte de sa boutique. Du fond de la boutique, son enfant a pour sa part, demandé : « Papa, les policiers sont partis ? J’ai envie de pisser »
« Vous les journalistes, vous avez vu ce qui se passe ici. Pourtant on n’a rien fait de mal. On veut juste travailler pour gagner notre vie », s’est plaint un autre commerçant en s’adressant à notre reporter.
Au milieu de ces complaintes, une femme révèle une extorsion à laquelle les occupants du marché ont été soumis il y a quelques semaines. Une extorsion qui aurait être en lien avec ces opérations-ci. « Il y a quelques semaines, celui qui est chargé du marché avait annoncé que des mesures seraient prises. Il en a donc profité pour soutirer de l’argent auprès des locataires d’ici. Chacun a cotisé pour lui donner l’argent. D’après mes informations, c’était aux alentours de 27 millions. Il devait le remettre à un responsable pour résoudre ce problème », a-t-elle expliqué.
Aliou Nasta