Mamadou Baïlo Diallo alias Badiar, membre de la commission Constitution, lois organiques, administration publique et organisation judiciaire du CNT en a marre des tueries que l’on enregistre le long de la route le Prince, en marge notamment des manifestations politiques. Mais par-dessus tout, il fustige l’espèce d’hypocrisie qui leur est réservée. C’est pourquoi il assimile de plus en plus les « minutes de silence » qu’on observe en hommage aux martyrs à du ‘’folklore’’. D’où son refus de s’y soumettre à l’occasion de la plénière d’hier vendredi. Une forme de protestation qui n’a pas laissé le ministre de la Justice, indifférent.
Au CNT, les plénières commencent toujours par une « minute de silence » dédiée à la mémoire des martyrs. Mais ce vendredi, le conseiller Mamadou Bailo Diallo n’a pas souhaité s’y plier. Alors que tout le monde se levait, lui est resté assis. Intrigué, le président du CNT l’interpelle. Dans sa réponse, Badiar commence par noter que cette plénière-là avait quelque chose de particulier. D’abord, le ministre de la Justice était là. Ensuite, dit-il, la plénière portait sur l’adoption de « lois très importantes », portant notamment sur la protection des victimes et des témoins.
C’est après ces précisions préalables qu’il explique : « Si à chaque plénière, nous observons une minute de silence pour nos martyrs, il faudrait qu’à un moment donné, les tueries cessent au niveau de l’axe ». Et puisque tel n’est pas le cas, poursuit-il : « Je me suis dit de ne plus observer ce folklore-là, de rester assis ». Il prend soin de noter suffisamment que son geste ne concernait que la minute de silence. Et qu’au moment d’entonner l’hymne national, il entend se lever parce qu’il est « Guinéen » et qu’il « aime ce pays ».
Visiblement touché par l’interpellation du conseiller, le ministre Alphonse Charles Wright répond. « Chaque Guinéen qui perd sa vie me donne de l’insomnie (…) on se connait bien nous les Guinéens, on s’est trop menti, le doute est plus grand que l’espoir », déclare le ministre de la Justice. En définitive, il rassure le conseiller. « Cette justice-là, elle renaîtra de ses cendres (…) je puis vous assurer ».
Il faut signaler que le conseiller Mamadou Bailo Diallo a été rejoint dans ce geste par le Mamadou Fadja Baldé.
N’Famoussa Siby